Après les bâtiments RT 2012, passifs ou à énergie positive, l'heure est à la rénovation à énergie zéro. C'est l'ambition de la démarche EnergieSprong, importée des Pays-Bas et pilotée en France par le consultant en développement durable Greenflex, entité du groupe Total. « L'objectif consiste à massifier les rénovations thermiques par l'usage de panneaux préfabriqués. Une fois l'enveloppe fortement isolée, la toiture est bardée de capteurs photovoltaïques et la production énergétique réajustée pour couvrir les besoins du foyer », résume Sébastien Delpont, directeur associé de Greenflex.
Premier bailleur social engagé dans l'aventure, Vilogia vient de lancer l'ordre de service de conception pour la rénovation de 160 maisons individuelles à Wattrelos (Nord). « Ces constructions possèdent des façades non porteuses et des dalles en poutrelles et entrevous, détaille Romain Schuermans, chargé de mission industrialisation chez Rabot Dutilleul Construction, chargé des travaux. Impossible dès lors d'utiliser les isolants bio sourcés qui ajouteraient plus de 10 % au poids de la maison. Nous sommes donc contraints de concevoir un système de fixation spécifique pour les panneaux préfabriqués des façades. »
Fabriquer des ensembles complets. Et le professionnel parle d'expérience, puisque son entreprise a achevé la première opération EnergieSprong en mai 2018, après cinq mois de travaux. Pour ce galop d'essai, Rabot Dutilleul Construction avait rénové dix maisons en bande à Hem (Nord), toujours pour Vilogia. Classées Fou G, ces passoires énergétiques en R + 1 comprenaient des façades non porteuses en briques et des planchers en béton. « Avant d'installer les panneaux, nous avons réalisé un relevé au scanner 3D pour modéliser les bâtiments. Les rendus ont ensuite été simplifiés pour ne conserver que les points qui nous intéressaient », détaille Romain Schuermans. Des plans qui ont permis de repérer numériquement les parties hautes des fenêtres, les murs hors d'aplomb, les encadrements de baies, etc. L'industriel Smart Module Concept, aujourd'hui disparu, s'est lui chargé de réaliser et de cale piner les murs à ossature bois à fixer sur les façades. L'enjeu consistait à fabriquer des ensembles complets, comprenant le système d'accroche avec ses équerres métalliques fixées entête et en pied, jusqu'au bardage extérieur.
Afin de respecter la limite de poids, la structure en bois a été garnie de polystyrène expansé, avec un cœur en mousse résolique. L'ensemble a été recouvert d'un parement en brique synthétique afin de respecter les demandes de la mairie quant à l'esthétique du projet. Résultat : chaque façade est isolée de quatre panneaux épais de 22 cm pour une résistance thermique (R) de 6 m². K/W et un poids qui n'excède pas les 45 kg/m².
Le budget de l'expérimentation de Hem s'est élevé à 121 000 euros par maison. Sur Wattrelos, le bailleur social table sur un montant de 90 000 euros par maison. Le chantier doit débuter au premier trimestre 2020.
