Génie écologique : des qualifications fondées sur des valeurs

Les fondateurs de Kalisterre ont officiellement porté sur les fonts baptismaux cet organisme de qualification du génie écologique, le 1er juillet autour de leur président Julien Le Cordier. « Entre les qualifications du paysage et celles du BTP, Kalisterre vient combler un vide », résume Pascal Maurer, président de l’entreprise alsacienne Nature & Technique.

Réservé aux abonnés
Julien Le Cordier
Julien Le Cordier, président de Kalisterre, a lancé officiellement cet organisme de qualification des entreprises de génie écologique, le 1er juillet.

Ouverture des candidatures le 15 juillet, premières instructions en septembre, 25 entreprises qualifiées au début 2022 : l’outil de qualification du génie écologique se met en place sans emballement.

« Nous pourrions atteindre une centaine de qualifiés dans les trois ans à venir », estime Julien Le Cordier, président de Kalisterre, l’organisme de qualification porté par l’Union professionnelle du génie écologique et lancé officiellement le 1er juillet.

Croissance maîtrisée

Sa montée en puissance maîtrisée se cale sur les cycles du vivant dans lesquels s’insèrent les professionnels : point de passage obligé de la qualification, les visites de chantiers en cours se concentreront entre la mi-juillet et la fin de l’année, qui correspondent aux pics d’activités pour les travaux de génie écologique.

La mise en avant des équipes en charge des chantiers a joué un rôle majeur, dans la gestation de  l’organisme : « Kalisterre appuiera nos salariés, dans des métiers émergeants dont la maîtrise requiert une bonne dizaine d’années de pratique », insiste l’alsacien Pascal Maurer, président de Nature & Technique. « Dans notre coopérative Egan Aquitaine, la réflexion sur les nouvelles qualifications a associé l’ensemble des salariés », abonde Morgan Dabaddie, le gérant de cette entreprise.

Instruction par les pairs

Les futurs qualifiés tiennent plus que tout à rester en phase avec l’authenticité d’un engagement au service des écosystèmes. Entourés par les sept collèges de Kalisterre avec le soutien de l’Etat représenté à travers l’office français de la biodiversité, ils comptent d’abord sur eux-mêmes, comme en témoigne l’instruction des dossiers par des pairs issus d’autres territoires que les candidats. Ces derniers ne pourront en aucun cas sous-traiter la formalisation de leur dossier. Les cadres dirigeants recevront personnellement les instructeurs.

« L’instruction n’est pas une inspection », insiste l’ancien gérant de Arbre, Haie Forêt Eric Dedonder, qui a supervisé la phase test. Le dialogue bienveillant a aidé l’entreprise testée à reformuler ses propres orientations, conformément à un esprit d’accompagnement de la montée en compétence des candidats à la qualification. La validation collégiale situe cette dernière sur l’un des trois échelons : « réalisateur », « sachant » ou « concepteur réalisateur ».

Trois en un

Faut-il voir dans l’esprit de dialogue et la collégialité des arbitrages un signe distinctif de Kalisterre, face à la qualification et au label proposés par Qualipaysage en génie écologique ? Julien Le Cordier reconnaît le caractère « ténu » des frontières. « Pour les maîtres d’ouvrage, mieux vaut disposer de deux outils que de zéro », ajoute-t-il.

La qualification portée par l’UPGE se distingue surtout par son côté « trois en 1 » : elle associe les dimensions administrative, éthique et technique, là où Qualipaysage porte d’une part une qualification en génie écologique accessible sur dossier, d’autre part un label conditionné par un audit approfondi.

Accessibilité aux TPE

Le label Qualipaysage et les qualifications Kalisterre se rejoignent dans la mutualisation des coûts au profit des TPE. Autour d’une moyenne de 2000 euros, la solidarité des groupes facilitera l’accès de ces dernières à des qualifications dont le périmètre se limitera à celui d’une agence de travaux capable de prouver 200 000 euros de chiffre d’affaires ou 1/3 de ses activités dans le Génie écologique.

L’application de ce principe passera par des ajustements : « Il n’est pas question qu’une qualification couvre 15 établissements avec 40 salariés dans chacun d’entre eux, mais si un candidat emploie 15 salariés actifs dans trois secteurs, on s’adaptera », annonce Julien Le Cordier.

Courant ascendant

Visé par ce dispositif, Colas y adhère à 100 % : « Je trouverais scandaleux qu’une qualification Kalisterre s’applique à l’ensemble du groupe », confirme Patrice Leroy, pilote métiers de la filiale routière de Bouygues. Mais l’effet de taille nécessitera sans doute d’autres ajustements : si le major voulait qualifier une centaine de ses établissements, nul doute qu’il négocierait à la baisse le coût unitaire de la qualification.

Le boom du génie écologique accrédite ce type d’hypothèses. Evalué par l’UPGE à 550 millions d’euros en 2019, le chiffre d’affaires de la profession pourrait rapidement doubler ou tripler, selon Julien Le Cordier : « A côté de la séquence Eviter réduire compenser qui alimente le gros de nos activités, la réparation des écosystèmes va y jouer un rôle croissant. Cette évolution va demander une grande finesse », annonce le président de Kalisterre. Raison de plus pour ne rien lâcher, ni sur l’éthique, ni sur la technique.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !