François Dutilleul, président du directoire de Rabot Dutilleul : « Il nous appartient de construire le futur projet d’entreprise »

François Dutilleul est nommé président du directoire du groupe nordiste Rabot Dutilleul et prend la suite de son père. Il représente ainsi la quatrième génération à la tête du septième groupe indépendant français. La physionomie du major lillois a bien changé durant le règne de Jean-François Dutilleul et de son beau-frère Jean-Pierre Sternheim, qui ont rejoint avec Jean-François Craye le holding des actionnaires familiaux du groupe. Pour la nouvelle génération, l’enjeu est de maintenir les positions acquises dans la promotion et de poursuivre le développement géographique de la branche construction.

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Le nouveau directoire de Rabot Dutilleul autour de François Dutilleul, qui le préside à 40 ans.

Avec votre nomination à la présidence du directoire, c’est une page de l’histoire de Rabot Dutilleul qui se tourne ?

Cela n’arrive pas souvent. La dernière fois, c’était il y a vingt-six ans avec la nomination de mon père. Mais ce n’est pas non plus une surprise. Cette succession a été organisée de longue date et en douceur. Mais si une page de l’histoire de l’entreprise se tourne avec les départs de Jean-François et de Jean-Pierre de la direction opérationnelle, ce nouveau directoire assume la continuité. Patrick Baillœul, directeur général, est au directoire depuis 2005. Le sang neuf est représenté par Gilles Dupont, qui dirige la branche construction France et succède ainsi à Jean-Pierre Sternheim et Philippe Cayol pour la promotion.

La structure de direction a-t-elle changé ?

Oui, nous avons créé une structure actionnariale, Rabot Dutilleul Holding (RDH), qui permettra à Jean-François Dutilleul, Jean-Pierre Sternheim et Jean-François Craye de jouer pleinement leur rôle d’actionnaires. Cette structure définit la stratégie et confie sa mise en œuvre à Rabot Dutilleul Investissement (RDI) dont je préside le directoire. RDH est détenu à 85 % par les actionnaires familiaux et à 15 % par 350 salariés du groupe.

Vous prenez les rênes du groupe au cœur de la crise. Comment se porte l’activité ?

Nous parvenons à maintenir un volume d’activité en croissance à 850 millions d’euros en 2012, contre moins de 800 millions en 2011. C’est une forte progression à notre échelle et d’autant plus satisfaisante qu’elle est largement le fruit d’une croissance interne.

Qu’en est-il de votre marge ?

Nous souffrons, comme tout le monde ! Les prix sont bas et le volume des affaires se contracte. Nos marchés historiques souffrent, d’où notre politique de développement géographique. Dans ce contexte, nous parvenons à maintenir un résultat opérationnel de 11 millions d’euros (contre 23 millions en 2011). Mais la trésorerie a progressé et notre endettement a diminué. Nous faisons le gros dos.

La promotion, avec Nacarat, reste votre principal moteur ?

La promotion avance logiquement plus vite que la construction. Le développement dans la construction est forcément plus lent. Nous gagnons des parts de marché surtout sur nos nouveaux territoires. En 2012, Rabot Dutilleul Construction (RDC) a fait une percée dans le Sud avec l’acquisition d’Actibat Provence et Nacarat dans le Sud-Ouest avec le rachat des activités de promotion de France Terre.

Quelles sont vos perspectives pour 2013 ?

Nous visons une stabilisation des résultats par rapport à 2012. Le début d’année a été très difficile avec beaucoup d’intempéries. Mais notre carnet de commandes dans la construction nous rassure pour l’année. Compte tenu des difficultés rencontrées en province, nous nous félicitons d’avoir investi dans les grandes agglomérations, notamment Lille et Paris. Notre développement en Ile-de-France avec RDC et sa filiale Stefco est fructueux. Nous sommes très fiers d’avoir remporté la rénovation du siège de France Telecom dans le XVe arrondissement à Paris : 30 000 m² de restructuration lourde, qui mobiliseront toutes nos compétences. Citons aussi la réhabilitation des tours du Pont-de-Sèvres, à Boulogne-Billancourt, pour BNP Paribas Real Estate (80 000 m²).

La réhabilitation prend de l’importance…

Oui, c’est un axe de développement correspondant à une demande du marché. Il faut dire que nos friches nordistes nous ont fait capitaliser de l’expérience. La réhabilitation du conservatoire de Roubaix est un bel exemple d’innovation. La rénovation représente 22 % de la branche construction. Autre axe de développement, le logement, particulièrement social, qui pèse près de la moitié de cette activité (contre 15 % en 2007).

Croyez-vous toujours aux partenariats public-privé ?

Ce marché est moins important qu’imaginé. Nous nous sommes donc renforcés dans le montage d’offres globales pour nos clients. Croiser les expériences de nos différents métiers nous rend encore plus inventifs.

Quels sont vos objectifs en volume ?

Avant la crise, nous visions 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Ce qui était un slogan arrivera naturellement. Le groupe a été mis en mouvement de 2003 à 2008, mon père ayant fait du développement une religion. L’activité a doublé pendant cette période et nous arrivons au terme de notre projet d’entreprise « Imagine 2014 », centré sur le développement durable et la responsabilité sociale. Il nous appartient de construire le prochain. L’innovation y prendra certainement une place importante.

Rabot Dutilleul est très présent dans l’économie du Nord-Pas-de-Calais. Allez-vous cultiver ces racines ?

Nous cultivons la culture de proximité et du partenariat partout où nous sommes. Nous sommes à l’aise dans toutes les capitales régionales. A Varsovie on est polonais, et à Marseille ou à Nantes, nos racines nordistes sont vécues comme un gage de sérieux. Donner du sens est notre marque de fabrique.

Quels sont les atouts de votre groupe au lendemain de la succession ?

Bien sûr la qualité des équipes. Mais au-delà, mon père et Jean-Pierre Sternheim ont su construire et conserver une forte ingénierie intégrée. Autant en structures qu’en méthodes ou en thermie. Nous faisons le même pari pour notre pôle maintenance. Car maîtrise des compétences et indépendance sont stratégiques pour nous. Notre taille raisonnable nous donne également une grande agilité pour réagir aux évolutions du marché.

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