Le groupe franco-britannique Eurotunnel, plombé par des résultats 2003 décevants à deux mois d'une assemblée générale risquée pour ses dirigeants, joue son va-tout en tentant d'impliquer notamment Londres et Paris pour sortir de l'impasse financière actuelle. Confrontés à un trafic transmanche atone et à une dette dont les intérêts annuels sont à peine payés par l'exploitation, les dirigeants du groupe exploitant le tunnel sous la Manche ont annoncé lundi 9 février avoir proposé aux principaux acteurs du dossier de négocier une baisse "significative" des prix de péage en contrepartie d'un refinancement de sa dette de 9 milliards d'euros. Ce "plan global" a été soumis début 2004 aux gouvernements britannique et français et doit aussi faire l'objet de négociations, à l'issue incertaine selon Eurotunnel, avec la SNCF, Eurostar ou Réseau ferré de France (RFF).
La stratégie de négociation globale, pour résoudre des problèmes structurels, semble un va-tout de la direction, alors que des actionnaires contestataires veulent la renverser lors d'une assemblée générale le 7 avril. Au terme d'une année "rude", le chiffre d'affaires a baissé de 9,36% à 813 millions d'euros et le bénéfice d'exploitation de 18% à 248 millions.
Dans trois ans, "si rien n'est fait, la faillite est assurée", a réagi Jacques Maillot, animateur du groupe des contestataires.
Licence de fret ferroviaire
Par ailleurs, Eurotunnel devrait se voir accorder "d'un jour à l'autre" par le gouvernement français une licence d'opérateur pour transporter des marchandises par le rail. Cette licence fera d'Eurotunnel le premier groupe à concurrencer la SNCF dans le cadre de l'ouverture à la concurrence européenne du transport international de marchandises par le train, entrée en vigueur en France le 15 mars 2003.
