Quel bilan tirez-vous de 2008 ?
Notre chiffre d'affaires a progressé de 20% pour atteindre 3,9 milliards de dollars. Les deux premiers trimestres de l'année dernière ont été très forts, le troisième a ralenti et au quatrième trimestre les marchés se sont effondrés. Ce mouvement a été particulièrement marqué pour nos grues à tour Potain et en Europe de l'Ouest. A la fin de l'année dernière notre carnet de commandes de grues à tour a été 80% inférieur à celui de la même période de 2007. Nous avons été surpris par la rapidité et l'ampleur de la crise.
Peut-on faire une différence entre les machines liées aux différents secteurs ?
Oui, il faut faire la différence entre les travaux relatifs au bâtiment, résidentiel, industriel et tertiaire, et les travaux d'infrastructure. Ce dernier secteur demeure actif et aujourd'hui nous n'avons pratiquement pas d'annulation de commandes de nos grues sur chenilles. La demande de grosses grues routières demeure aussi très forte. Ceci explique que nous prévoyons une baisse de notre chiffre d'affaires de 20% en 2009. Une baisse qui aurait été beaucoup plus forte si elle avait suivi celle de la demande du bâtiment.
Allez-vous être contraint de réduire vos effectifs ?
Nous avons prévu, en France un plan de licenciement. Mais également en Pennsylvanie. Nous nous séparons d'intérimaires en Inde et nous prévoyons un plan social en Chine.
La Chine a-t-elle été en mesure de contrer le mouvement de baisse globale ?
Notre chiffre d'affaires y a baissé de 20%. Mais nous sommes installés depuis longtemps dans ce pays et nous y avons une vision à long terme. Elle représente des marchés énormes. Celui des grues à tour est supérieur à 22 000 unités. En matière de grues mobiles, nous avons des parts de marché fortes pour les machines sophistiquées. Et nous avons acquis 50% du constructeur chinois TaiAn Dongyue. Nous prenons très au sérieux les constructeurs chinois. On a commencé à voir certains de leurs matériels aux Etats-Unis et en Europe. Mais surtout au Moyen-Orient où ils ont profité des difficultés de livraison des constructeurs occidentaux. Sur ce point, en considération de la situation actuelle, les choses pourraient changer. Le marché chinois a trop de constructeurs et il va se consolider. Il va évoluer, avec les normes de sécurité, vers des grues plus sûres, et des tonnages plus élevés. D'autre part la location commence à s'y développer et une partie de la rentabilité de ces opérateurs vient de la revente des machines dont la valeur est liée à la marque. C'est bon pour nous. Nous continuerons à prendre des parts de marché sans avoir à baisser les prix.
Envisagez vous d'exporter des grues mobiles depuis la Chine, vers l'Occident ou ailleurs ?
On n'est pas près de réexporter des grues mobiles à partir de la Chine et même de mettre le nom Grove sur les machines que nous y produisons. Ce ne sont à présent que des grues sur camion de 10 à 20 t. Nous visons, mais à terme, des pays émergents comme l'Inde ou les pays du Moyen-Orient.
Les périodes de crise sont parfois l'occasion de faire des acquisitions. Quels types de matériels aimeriez-vous ajouter à votre gamme ?
Nous sommes très intéressés par le marché des grues portuaires, mais aussi des ascenseurs de chantier, ou encore des grues auxiliaires. Mais notre groupe a fait une grosse acquisition dans le secteur alimentaire. La priorité des deux prochaines années est d'améliorer notre système de production de manière à lui donner encore plus de souplesse.
