Près de 60% des entreprises interrogées par Ipsos dans le cadre de notre enquête "Salaires" prévoient de moins recruter cette année qu’elles ne l’ont fait l’an passé.
Dans un contexte économique et financier incertain, les politiques de rémunération reflètent elles aussi une certaine « prudence ». Après cinq années de progression salariale comprise en moyenne entre 3% et 3,5%, les prévisions pour 2009 sont à la baisse. En effet, les entreprises interrogées en fin d’année, envisagent un pourcentage d’augmentation moyen de 2,6% cette année. Un taux moyen qui ne traduit pas la diversité des entreprises du secteur. Ainsi, dans les grands groupes de construction, les prévisions d’augmentation devraient rester proches de celles réellement consenties l’an passé. "En 2008, nous étions sur une augmentation de la masse salariale de +4,2%. Cette année, compte tenu du niveau d’inflation, nous proposons +4% en janvier, hors primes, avec une clause de revoyure en avril-mai", illustre Jean-Manuel Soussan, directeur du développement des ressources humaines de Bouygues construction. D’autres demeurent plus prudents en prévoyant un premier volant d’augmentation proche du niveau d’inflation (environ 2,5%) et en se réservant un second volant pour la mi-année si les perspectives économiques le permettent. Quelle que soit la politique adoptée, l’individualisation reste de mise pour les Etam et les cadres.
Un "package" rémunération
Très présentes dans les politiques salariales des entreprises de BTP, les primes concernent plus de 7 entreprises sur 10. "Les postes d’encadrement ou de management de centre de profit bénéficient d’une partie variable dans leur rémunération assise sur les performances globales de l’entreprise et individuelles. Elle peut aller jusqu’à 20% de la rémunération annuelle", souligne Sébastien Botin, vice-président pour les ressources humaines de SNC Lavalin.
Les jeunes cadres ne sont pas écartés de ces rémunérations variables. "La part variable de la rémunération arrive tôt dans la carrière d’un jeune cadre, généralement dès la deuxième année de présence, explique François de Dreuzy, directeur projets R.H et rémunérations de Spie. Elle peut être comprise entre 0 et 20% de la rémunération dès l’atteinte des objectifs aux 2/3". Des jeunes diplômés qui devraient voir leur salaire d’embauche se maintenir. Fonction phare dans le secteur, l’ingénieur travaux débutant a vu sa rémunération annuelle progresser à grands pas ces dernières années : d’après notre enquête, entre 2004 et 2009, le salaire d’embauche d’un jeune diplômé bac+5 a progressé d’environ +15% passant de 30 000 euros à 34 500 euros bruts par an.
Sur certaines fonctions fortement recherchées, comme les ingénieurs études de prix, les salaires d’embauche pourraient poursuivre leur envolée.
En revanche, les jeunes cadres devraient encore bénéficier d’un régime d’augmentation plus avantageux en début de carrière. Ainsi, la plupart des grands groupes octroient, dans les trois premières années de la carrière, des augmentations individuelles pouvant être comprises dans une fourchette allant de 5 à 8% par an.