« Nous disposions déjà d'un très grand niveau de visibilité sur l'avenir à fin décembre 2023 avec, notamment, la sécurisation de contrats d’ampleur comme le génie civil des EPR2 de Penly [Seine-Maritime, NDLR] ou la ligne 15 est du Grand Paris Express. Or, nous continuons en 2024 d’enregistrer une activité commerciale extrêmement dense ». C’est par ces mots que Benoît de Ruffray, P-DG du groupe Eiffage, a débuté la présentation des résultats semestriels de son groupe, le 29 août 2024.
Difficile de le contredire au regard des marchés remportés par Eiffage depuis le début de l'année, parmi lesquels l'équipement en groupes électrogènes des six futurs réacteurs EPR2, le nouveau siège de la DGSI à Saint-Ouen ou la liaison Rhin-Main en Allemagne.
Cette dynamique se traduit évidemment en chiffres, ceux du carnet de commandes des activités dites Travaux. Regroupant les branches Construction, Infrastructures et Energie Systèmes, il s’établit à 28,4 Mds€ au 30 juin 2024, en hausse de 43 % sur un an. De quoi envisager sereinement l'avenir car comme le souligne le dirigeant : « L’essentiel de cette croissance porte sur des travaux à réaliser au-delà de 2025 ».
Les infrastructures et l’énergie en tête
Dans la branche Infrastructures, le chiffre d’affaires (CA) est en hausse de 9,2 % au 1er semestre 2024 à 3,98 Mds€. En France, ces activités sont en augmentation de 3,8 %, malgré des disparités entre filiales : +13,3% pour Génie civil, + 0,8 % pour Métal et -2,4% pour Route. A l’international, leur CA poursuit sa progression, porté notamment par la dynamique des grands programmes d’infrastructures énergétiques et de transport en Europe hors de France (+ 13,1 %).
Energie Systèmes, de son côté, surfe toujours sur la transition écologique et digitale avec une croissance de 17,6 % à 3,33 Mds€, dont + 7,7 % en France et + 37,4 % à l’international. Elle atteint même 41,1 % en Europe hors de France, dopée par l’intégration depuis janvier 2024 des entreprises Salvia (Allemagne) et Van Den Pol (Pays-Bas).
Logement : un point bas, mais pas d'inquiétude
Au final, seuls deux métiers sont en retrait. Les travaux routiers, d'abord, pâtissent d'un déplacement des opportunités vers des opérations de réaménagement urbain et de développement des mobilités au travers notamment des TCSP [transports collectifs en site propre, NDLR].
Mais c'est évidemment la construction de logements qui souffre le plus. Alors que le marché semble avoir touché un point bas en France, le groupe s'appuie sur la réhabilitation énergétique pour amortir le choc. « Cela comprend des lots parfois très importants à traiter via une approche globale, et souvent en site occupé, pour le compte des bailleurs sociaux », illustre Benoît de Ruffray.
Pour autant, pas de quoi compenser totalement la crise du neuf puisque les activités Construction baissent de 12,4 % à 1,93 Md€, tandis que le segment immobilier recule de 28,3 % à 302 M€. « Nous n’avons pas fait de plan social et sommes convaincus que nous n’aurons pas à en passer par là. Il y aurait un non-sens de ne pas parvenir redistribuer nos ressources humaines dans un groupe en croissance globale », rassure le dirigeant.
Les concessions autoroutières, aéroportuaires et énergétiques complètent le tableau avec un CA en hausse de 5,6 % à 1,86 Md€, mais voient leur résultat opérationnel courant dégradé par la taxe, contestée par le groupe, sur les infrastructures de longue distance.