Le projet est réalisé par le groupe régional de BTP Rougeot associé à [siz’-ix] Architectes dans le cadre d’un marché public global de performance (conception, réalisation, maintenance). Ce dernier, initialement evélué à 13,6 millions d’euros, voit une clause de révision le porter à près de 14,3 millions d’euros, financés par la Ville de Beaune (maître d’ouvrage) avec le concours, à hauteur de 8 millions d’euros, de la région Bourgogne-Franche-Comté, du département de la Côte-d’Or et du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne.
Depuis la pose de la première pierre, en mars 2021, la cité – destinée à valoriser l’inscription des « climats » (parcelles de vignes) bourguignons au patrimoine mondial de l’Unesco – a changé de nom pour devenir la « Biocité des vins de Bourgogne » : un moyen de « marquer l’engagement politique » de tous les acteurs locaux, explique Charlotte Fougère, adjointe au maire de Beaune. La filière viticole s’est en effet fixé pour objectif la neutralité carbone d’ici à 2035. Le groupe Rougeot en sera partie prenante : Christophe Rougeot, son dirigeant, a annoncé, lors de l’inauguration, la création d’une société coopérative d’activité sociale qui, dès 2023, accompagnera la décarbonation des activités, depuis la fabrication des bouchons jusqu’à la logistique.
La Biocité des vins traduit ces engagements. Le parking de 150 places qui jouxtera l’équipement sera réservé prioritairement aux vélos et aux véhicules électriques. Un second parking, pour les voitures thermiques, a été aménagé plus loin, à hauteur du péage de Beaune-Sud ; il sera relié à la biocité par des navettes électriques.
Matériaux biosourcés à foison
Le bâtiment de 3 600 m2, quant à lui, va au-delà du cahier des charges qui visait le niveau E3C1 du label E+C-. « Nous atteignons le C2 », indique Emmanuelle Andreani, l’architecte du projet. Celui-ci fait la part belle aux matériaux biosourcés, avec 28 kg par mètre carré de surface plancher. De plus, les matériaux, pour l’essentiel, sont locaux. « La pierre de Comblanchien (300 m2) a été utilisée pour le socle de ce bâtiment. Tous les bétons apparents sont également réalisés avec des agrégats de Comblanchien, ce qui leur donne cette belle couleur ocre », détaille Emmanuelle Andreani. « Les façades principales sont construites en béton de chanvre » lui-même confectionné avec « de la terre de Bourgogne et de la chaux », poursuit-elle. L’enduit est en finition terre. Le parti pris est de laisser tous les matériaux bruts.
Une addition de « prouesses »
Sous cette apparente simplicité, « ce bâtiment représente une prouesse, à tous les niveaux », souligne également Emmanuelle Andreani. La rampe en forme de vrille qui l’entoure s’étire sur 285 mètres pour s’élever jusqu’à une terrasse à 24 m de hauteur. « Elle n’est tenue par aucun poteau. Sa console, déportée à l’extérieur, procure une vision à 360° de la côte viticole », ajoute la conceptrice. Au sommet, elle se termine par une passerelle de plus de 20 m de long, fixée sur quatre appuis grâce à 20 boulons, selon une technique utilisée d’ordinaire pour les ouvrages d’art comme les ponts. Autre « prouesse » selon l’architecte : les planchers en bois et béton jouent le rôle de poutres, d’une portée de 9,50 m.

Confiée à Alice dans les Villes, la scénographie proposera un parcours multisensoriel, de découverte des caractéristiques des vins de Bourgogne. L’ouverture au public est prévue le 13 mai 2023, selon un objectif de fréquentation de 300 000 visiteurs par an.