Les projets de création se bousculent depuis le début de l'année (Laval, Troyes, Nice, Arles, Ile-de-France.) ; le réseau des Geiq-BTP (groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification du BTP) a incontestablement le vent en poupe. « Le rythme de création s'accélère depuis un an. Entre 2004 et 2005, la mise à disposition de personnes éloignées de l'emploi auprès des entreprises adhérentes a progressé de 20 % », se réjouit Arnaud Farhi, secrétaire général du Comité national de coordination et d'évaluation des Geiq, qui fédère l'ensemble du réseau. On y dénombre trente-neuf Geiq-BTP parmi la centaine de Geiq hexagonaux sectoriels (fruits et légumes, transport, maintenance.) ou multisectoriels qui existent. « Ce sont des groupements d'employeurs, régis par le Code du travail, rappelle Arnaud Farhi. Ils embauchent des salariés, dont ils gèrent les contrats de travail, et les mettent à la disposition des entreprises adhérentes en fonction de leurs besoins. »
Ces associations, créées et animées par les entreprises qui les composent, organisent les parcours d'insertion et de formation professionnelle (au moyen notamment des contrats de professionnalisation) des personnes éprouvant des difficultés d'accès à l'emploi (jeunes sans qualification, demandeurs d'emploi de longue durée, bénéficiaires du RMI.). « Au sein de notre structure, nous accueillons trois types de public, confirme Benoît Allègre, directeur du Geiq-BTP Pays de Savoie. Des jeunes ayant quitté le système scolaire mais qui ne souhaitent pas s'engager dans une démarche d'apprentissage tout en émettant le désir d'exercer une activité professionnelle, une population de 20-25 ans qui possède déjà une expérience professionnelle mais qui désire changer de voie, enfin des adultes de 30-40 ans en quête d'une reconversion après un accident de la vie par exemple. » Les Geiq offrent à ces personnes une formation théorique et professionnelle dans un cadre sécurisant et stabilisant (tutorat, accompagnement socioprofessionnel) ; cela débouche souvent sur un emploi au sein des entreprises membres du groupement. Ces dernières y voient aussi un intérêt. Pénalisées par la pénurie de candidats, elles peuvent, par ce biais, envisager le recrutement d'un personnel fidélisé et formé spécifiquement à leurs métiers.
Un accompagnementsocial fort. « Grâce au travail de médiation des permanents du Geiq, les personnes accueillies au sein du groupement bénéficient d'un accompagnement social qui leur permet de surmonter leurs difficultés initiales comme la méconnaissance du monde de l'entreprise et ses contraintes, les problèmes de logement, de surendettement, la difficulté à suivre une formation », explique Arnaud Farhi. « Notre assistance permet à ces jeunes de se sentir soutenus et de ne pas lâcher prise à la première difficulté rencontrée dans l'entreprise. Nous sommes par exemple très sourcilleux sur le respect des horaires, l'attitude vis-à-vis de la hiérarchie. En quelque sorte, nous posons le cadre et nous nous efforçons d'en faire assurer le respect », souligne Isabelle Mirabel, directrice du Geiq-BTP Hérault. Ce travail de médiation, de suivi d'acquisition des compétences permet aux salariés de tirer un maximum de profit des enseignements dispensés dans les centres de formation (85 % obtiennent chaque année une qualification) mais également de l'accompagnement professionnel réalisé par les tuteurs au sein des entreprises adhérentes.
Si le Geiq permet aux entreprises de se dégager de toute la gestion administrative des contrats de travail, l'adhésion au dispositif est néanmoins un acte fort. « Les entreprises pilotent et animent le groupement au sein de ses instances statutaires, rappelle Arnaud Farhi. Elles sont par ailleurs solidairement responsables de ses dettes à l'égard des salariés et des organismes sociaux. » A la fois médiateurs et prestataires de service pour leurs adhérents, les Geiq-BTP ont pour ambition ultime d'éviter la rupture entre le monde du travail et des individus mis (provisoirement) sur la touche. Une façon de réconcilier l'économique et le social.
