Emissions - Le zéro carbone dans le viseur

Le CO2 généré par l'extension d'une route nationale en Suède a été scruté à la loupe. Objectif : identifier les scénarios pour en faire un chantier propre.

 

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Chaque étape de la construction a été quantifiée, de la fabrication des enrobés au coulage du béton pour réaliser les ouvrages de franchissement.

Est-il réellement possible de construire sans émettre de CO2 ? L'un des plus importants maîtres d'ouvrage de Suède, l'administration des transports (STA), s'est associé à l'université des technologies de Göteborg pour tenter d'obtenir une réponse. Dans ce but, les chercheurs se sont appuyés sur l'un de ses chantiers, à savoir l'extension de la route nationale 44, durant l'hiver 2019, sur 8 km, entre Lidköping et Källby. Ils ont d'abord estimé, pour chaque étape de la chaîne de production, la quantité de dioxyde de carbone émise par type d'activité. Cet inventaire devait tenir compte non seulement du transport des matériaux (carburant, type de camion, distance parcourue… ), mais aussi des procédés de confection des ouvrages (excavation, fabrication des enrobés, etc. ). Le travail a pris plus de six mois car tout a été calculé dans le moindre détail, et la quantité d'informations s'est révélée colossale. Une fois la base de données complétée, les universitaires ont été missionnés par la STA pour générer des modèles à partir de ces chiffres et proposer des scénarios alternatifs.

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Intervenir sur toute la chaîne de production. En se basant sur les informations fournies par la STA, les scientifiques ont ainsi pu démontrer que les émissions d'un chantier du même type que celui de la nationale 44 pourraient être réduites de 83 % en respectant certaines conditions. Pour ce faire, le maître d'ouvrage et les entreprises doivent soit utiliser des substituts au clinker dans leur ciment en recourant à des additions, soit capter directement lors de la production. Il leur faut ensuite convertir à l'énergie verte la flotte de transports et utiliser des engins de chantier équipés de moteurs hybrides.

Concernant la production d'enrobés, l'étude souligne également les limites du recyclage in situ qu'elle ne considère comme réellement efficace qu'à grande échelle et lorsqu'il est couplé à une diminution des températures. En revanche, ces mêmes recherches pointent l'impact de la production de l'acier, qui utilise énormément d'énergie. Dans ce cas, elles préconisent donc de recourir massivement au recyclage.

Réaliser un chantier presque sans émettre de CO2 sera techniquement possible en 2030

« Pour établir nos scénarios, nous n'avons utilisé que des solutions actuellement disponibles sur le marché et dont la faisabilité a été démontrée pour établir nos scénarios. Toutefois, il a fallu que nous tenions compte du temps nécessaire à la révision des procédés, ce qui explique que nous ayons estimé que cet objectif serait réalisable à l'horizon 2030, et non pas dès 2020 », commente Ida Karlsson, chercheuse à l'université des technologies de Göteborg.

Selon l'experte, réunir toutes ces conditions ne sera toutefois pas suffisant. « Pour espérer diminuer notre niveau d'émission carbone à cette échéance, il reste indispensable que tous les acteurs de la chaîne de production s'investissent, prévient-elle. Si cette démarche de réduction n'est entamée qu'à l'échelle d'une entreprise ou d'une activité isolée, alors l'impact environnemental du projet restera conséquent. »

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