Le photovoltaïque continue de progresser en France, poussé par une législation en constante évolution depuis quelques mois. Dernière avancée en date, une ordonnance, publiée au début du mois de mars, étend l’autoconsommation collective au réseau moyenne tension dès l’été prochain. Plus étendu, moins onéreux grâce aux économies d’échelles désormais réalisables, le photovoltaïque commencerait donc à devenir intéressant économiquement pour les entreprises, surtout celles qui sont vigilantes à leur bilan RSE. C’est en tout cas le pari que font EDF ENR, la filiale énergie solaire d’EDF et le groupe Axtom, spécialiste de l’immobilier d’entreprise (de la prospection à l’exploitation en passant par la promotion et la construction).
Ces deux entreprises lancent aujourd’hui, mardi 23 mars, un partenariat pour concevoir et construire des bâtiments à énergie positive dotés, entre autres, de toitures et d’ombrières photovoltaïques ainsi que de batteries de stockage électrique. « Notre constat, c’est que le développement du solaire va désormais être pensé très en amont par les entreprises, assure Stéphane Bombon, PDG du groupe Axtom, Il va être de plus en plus intéressant de concevoir puis construire des bâtiments à énergie positive. Les équiper a posteriori peut se révéler trop coûteux ». Et parfois tout simplement impossible : « par exemple, installer des panneaux photovoltaïques sur un toit, cela paraît évident, mais c’est un poids que le toit ne supporte pas toujours… ».
Auto consommation ou revente d’énergie
Grâce à l’évolution de la législation, les bâtiments industriels et tertiaires vont avoir accès à l’énergie solaire pour leur propre consommation… ou pour en faire le commerce, dans le cas, par exemple, de bâtiments qui n’ont pas besoin de beaucoup d’électricité, comme les entrepôts logistiques. « Consommer sa propre électricité coûte moins cher que l’acheter sur le réseau, explique Benjamin Declas, le PDG de EDF ENR. Économiquement, cela a vraiment du sens d’investir pour pouvoir bénéficier d’une énergie gratuite pendant 30 ans ». C’est d’autant plus intéressant que les solutions techniques sont de plus en plus nombreuses : « la bataille du coût de production de l’énergie est désormais gagnée ; renchérit Stéphane Bombon, encore faut-il savoir comment intégrer toutes les solutions existantes pour optimiser l’ensemble ».
Comme les investissements chiffrent vite et que les industriels ne peuvent pas tous investir sur leurs fonds propres, EDF ENR propose aux entreprises des solutions de financement : « soit c’est nous qui finançons, produisons et vendons l’énergie produite à qui nous voulons : dans ce cas, l’industriel se met aux normes, améliore son bilan RSE et bénéficie d’une image verte importante ; soit nous finançons mais nous ne vendons l’énergie produite qu’à l’industriel et uniquement à lui, pour les besoins de son entreprise, pendant une période limitée, généralement dix ou vingt ans ».
300 000 m² de photovoltaïque chaque année
Est-il bien judicieux de se lancer maintenant, en pleine crise sanitaire et économique ? La question fait sourire les deux partenaires : « Il se construit 12 millions de m² de bâtiments industriels, logistiques, artisanaux et commerciaux en moyenne chaque année en France, affirme Stéphane Bombon. Cela baissera à 10 millions au pire de la crise ». Benjamin Declas rappelle les objectifs qu’ils se sont fixés : « 300 000m² de photovoltaïques chaque année, pendant dix ans, à partir de 2025, cela nous semble tout à fait réalisable ». D’autant que le partenariat va pouvoir s’appuyer sur la réserve foncière d’Axtom, qui possède déjà 100 hectares de terrain, et sur les fonds qu’EDF ENR prévoit d’investir dans l’acquisition de nouveaux terrains, 40 millions d’euros environ. De quoi voir le soleil se lever sur le photovoltaïque.