Ingénierie et concessions : Edeis, la stratégie des synergies

Le discret groupe français Edeis, ingénieriste du CHU de Nantes et concessionnaire de nombreux sites aéroportuaires et touristiques, développe ses activités tous azimuts et multiplie les synergies.

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Edeis est à l'oeuvre sur le chantier du CHU de Nantes, 220 000 m2 et 13 bâtiments.

Jean-Luc Schnoebelen aime bien bousculer : « Si le métier d’ingénieur consiste à répondre à un problème par des règles de calcul, ça n’intéresse ni moi ni mes équipes. Ce qui nous intéresse, c’est d’apporter quelque chose à la collectivité, de chercher, d’imaginer, d’aller là où on ne nous attend pas », explique le président du groupe Edeis, issu du rachat des actifs français du canadien SNC-Lavalin en 2016. C’est ainsi que l’entreprise, qui participe notamment à la construction du CHU de Nantes, plus grand chantier hospitalier de France, s’est lancée début 2024 dans un projet de longue date : améliorer la qualité de l’air intérieur par l’utilisation de produits de second œuvre – peintures, colles et revêtements – allant au-delà de l’étiquetage A+.

76 COV analysés

Celui-ci recouvre les produits dont les émissions de composés organiques volatils (COV) sont les plus faibles. Quatre fabricants ont accepté de soumettre leurs produits au laboratoire Ires, filiale d’Edeis, pour une analyse complète : Hempel (peinture), Tarkett (revêtements de sol et mur), Tiger Coatings (peintures en poudre pour acier et aluminium) et Tremco (collage et étanchéité). « L’étiquetage A+ ne suffit pas, estime Pierre Muller, fondateur et dirigeant du laboratoire. Il ne concerne que dix COV alors qu’il en existe beaucoup plus. Dans notre étude, nous en analysons 76 ! » Selon les résultats de ces travaux, les produits recevront un label propre à Edeis qui veut ensuite privilégier leur utilisation dans ses projets de construction. Jean-Luc Schnoebelen voit dans cette démarche « l’anticipation de ce qui pourrait être une grosse crise dans l’utilisation des matériaux de construction ».

Ingénierie et concessions

« Ce qui nous intéresse, c’est d’apporter quelque chose à la collectivité, de chercher, d’imaginer, d’aller là où on ne nous attend pas »

—  Jean-Luc Schnoebelen, président d’Edeis

Le groupe Edeis se partage essentiellement entre l’ingénierie, qui génère un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros sur 250 M€ au total, et les concessions (120 M€) : il gère huit sites culturels et touristiques, trois ports et 16 aéroports. Et a su créer de fortes synergies entre ses activités. Edeis a ainsi pris en janvier 2024 les commandes de la Cité de la mer à Cherbourg, ville dont il contrôle également l’aéroport. Tout comme celui de Nîmes, qui permet aux visiteurs de se rendre aux Arènes, à la Maison Carrée et à la Tour Magne, trois sites dont l’exploitation est assurée par Edeis. Un saut de puce et les voilà au théâtre antique d’Orange, géré par Edeis, qui accueille un spectacle immersif entièrement élaboré par intelligence artificielle, récompensé cette année au CES de Las Vegas et conçu par… une filiale d’Edeis, Imki.

L’IA du vêtement au bâtiment

Cette start-up alsacienne spécialisée dans l’IA générative est détenue à 50% par le groupe et sa dernière réalisation trône dans un coin du bureau de Jean-Luc Schoebelen : trois tenues en jean brut « entièrement conçues par l’IA, une première mondiale », vante le dirigeant. Ces modèles seront commercialisés par la marque The Kooples à la rentrée. Et puisque l’IA permet de concevoir des vêtements, pourquoi ne pas lui demander des bâtiments ? Le président d’Edeis veut lui offrir une place prépondérante dans ses activités. « Elle permettra de démultiplier la force de proposition de l’architecte, estime-t-il ; quant au métier d’ingénieur, il est voué à disparaître dans sa forme actuelle et il faut anticiper ».

Compagnie aérienne 

La diversification ne s’arrête pas là : en 2023, le groupe a repris le délégataire de certificats d’économie d’énergie (CEE) Enalia, rebaptisé Adeena (au CA de 50 M€) et 40% de la compagnie Air Antilles, les 60 % restants étant détenus par la collectivité de Saint-Martin, dont l’aéroport est exploité, sans surprise, par Edeis. La flotte est modeste – quatre avions de 19 à 72 places – mais le service est grand pour les habitants de cette zone des Caraïbes et Edeis envisage aujourd’hui la création d’une compagnie îlienne ultramarine qui desservirait également la Réunion et la Polynésie. Dispersion ? « Il y a un lien très clair entre toutes nos activités », estime Jean-Luc Schnoebelen. Le président d’Edeis a bien envie d’évoquer de nouveaux projets « dans les transports » mais il est un peu tôt. Le champ d’action du groupe n’a vraisemblablement pas fini de s’élargir.

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