Début décembre, une petite dizaine de jeunes stagiaires se destinant au métier d’aide-maçon VRD ont intégré l’entreprise Dubrac TP (Seine-Saint-Denis, 350 salariés). « Une démarche qui correspond à notre volonté de participer aux efforts d’insertion menés dans notre département, en intégrant des personnes dépourvues d’expérience dans le secteur et éloignées de l’emploi. Des Français et des étrangers en situation régulière », contextualise Yann Le Corre, directeur du développement des agences territoriales et des filiales de la société.
Des recrues qui manquent à l’appel
Pour bâtir ce projet structuré en plusieurs étapes, Dubrac TP s’est notamment rapproché l’été dernier du conseil départemental, de l’unité de Seine-Saint-Denis de la Drieets (1), mais aussi de Constructys -l’opérateur de compétences du secteur.
Quatre entretiens de recrutement organisés à l’automne avec le concours de l’Association pour l’insertion des jeunes (Apij, Saint-Denis) ont permis de sélectionner six jeunes adultes. « Au lieu de la vingtaine escomptée », déplore Yann Le Corre, bien conscient du déficit d’attractivité dont souffrent les métiers des TP, de surcroît mal connus. « Nous nous employons dès lors à communiquer sur les réseaux sociaux pour améliorer leur image, en valorisant en particulier l’escalier social qu’un salarié intégrant le secteur avec peu, voire pas de diplômes, peut être amené à gravir au cours de sa carrière. » Lui permettant ainsi d’accéder progressivement à des responsabilités.
Trois jours en Bretagne pour apprendre à se connaître
Le parcours de la promotion a démarré en octobre dernier par un séjour de trois jours dans le Finistère - l’une des pierres angulaires du dispositif. L’idée : « leur permettre d’apprendre à se connaître et de développer un esprit de corps, afin de poser les bases du collectif de travail, un élément incontournable de l’intégration », spécifie Yann Le Corre. Au menu notamment, une journée passée au sein de l’école de la gendarmerie nationale et des mises en situation inhabituelles, telles que des parcours en aveugle.
Après une session de remise à niveau de trois semaines délivrée par l’Apij sur les savoirs de base et les règles de vie en entreprise (politesse, ponctualité…), les jeunes se sont vus dispenser 140 heures de formation technique au centre Afor TP (Montreuil) dans le cadre d’une préparation opérationnelle à l’emploi collective (Poec). « Avant de les accueillir en stage, nous avons organisé à destination des jeunes une visite de présentation de l’entreprise et de différents chantiers, afin de leur donner à voir la diversité de nos métiers, tout en continuant d’apprendre à les connaître », reprend Yann Le Corre.
Tuteurs aguerris
Après leur stage, les intéressés commenceront une formation à la fonction d’aide-maçon VRD dans le cadre d’un contrat de professionnalisation d’un an. Avec un objectif : les titulariser dans leur poste à l’issue de cette période. « Ils seront accoutumés à l’environnement de l’entreprise et en auront acquis les valeurs. » Yann Le Corre le mesure : « cette ressource est rare. Il s’agit, quand on parvient à la trouver, de mettre les moyens pour la conserver ». Pas question dès lors d’envisager « qu’un chef équipe ou un chef de chantier se comporte mal avec eux. Nous avons choisi pour encadrer nos jeunes salariés des tuteurs aguerris, qui les accompagneront tout au long de leur parcours. »
« Le métier est difficile, reconnaît Yann Le Corre. Et l’intégration, qui requiert de développer le sens de l’effort, une certaine détermination et l’esprit d’équipe, constitue déjà une sélection en soi. » Et de conclure : « pour peu qu’elle soit accompagnée, la jeunesse démontre toute sa richesse : de grandes capacités, et le goût des réalisations concrètes. » Dubrac TP compte par la suite former une promotion chaque année.
(1) Direction régionale interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.