La baisse du nombre de logements notés G depuis trois ans est « essentiellement liée aux réformes en faveur des petites surfaces et des logements chauffés à l’électricité, et non aux rénovations », affirme Julien Besnard, cofondateur du bureau d’études thermiques Casam, sur la base d’une étude présentée le 29 août.
Le premier changement dont il est question remonte à juillet 2024. Une nouvelle méthode de calcul du Diagnostic de performance énergétique (DPE) avait été alors introduite. Le deuxième, qui modifie le coefficient de conversion de l’électricité du DPE, entrera en vigueur le 1er janvier 2026.
Cette dernière mesure permettra d’éradiquer sans travaux 850 000 passoires thermiques, selon le gouvernement. Et près de 6 millions de biens étiquetés E, D, C ou B verront également leur note s’améliorer sans intervention de professionnels, d’après une autre étude de Casam.
Cette réforme, qui a fait l’objet d’un arrêté par au Journal officiel cette semaine, passe mal chez les professionnels du bâtiment, tandis que les agents immobiliers y voient un moyen de lutter contre la crise de l’offre locative. Pour le gouvernement, l’objectif est à la fois de « mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire, et de corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité », expliquat-il en juillet dernier.
A Grenoble, la part de G est passée de 14% en 2023 à 10% en 2024, année de réforme. Celle-ci est quasi stable depuis, à 9,5%, et devrait à nouveau baisser, grâce au coup de pouce gouvernemantal favorable aux logements chauffés à l’électricité, pour atteindre 7% en 2026, anticipe Casam. Les exemples qui démontrent le caractère artificiel de la chasse aux passoires ne manquent pas. A Lyon, Bordeaux ou encore Rennes, la part de G est identique depuis la réforme favorable aux petites surfaces de mi-2024 et reculera de plusieurs points avec celle favorisant les biens chauffés à l’électricité, avance le bureau d’études.
350 000 appartements analysés
Casam tire un autre enseignement défavorable aux architectes, artisans et autres acteurs du secteur. En 2026, « les biens F seront deux fois plus nombreux à gagner une classe que les biens G, qui n’ont pour beaucoup connu aucuns travaux d’isolation », constate son dirigeant.
Basée à Massy (Essonne), sa société a analysé 350 000 DPE issus du portail de l’Agence de la transition écologique (Ademe). Les logements étudiés ont une superficie moyenne de 24m² et sont situés dans 13 grandes villes étudiantes. De Clermont-Ferrand à Nancy, 33% des appartements de moins de 35m² gagneront une classe énergétique l’an prochain.
En cette rentrée étudiante, Paris fait figure d’exception : « les petits logements (…) sont toujours en retard avec encore 20% de biens classés G » dans la capitale, contre 6,5% en moyenne dans les autres villes étudiantes, souligne Casam.
Précarité énergétique
Alors qu’ils peinent de plus en plus à se loger faute d’offre suffisante aussi bien dans le parc privé que social, les étudiants risquent d’être davantage exposés à la précarité énergétique. « Les logements qui restent classés G après les deux réformes, celle de 2024 sur les petites surfaces et celle de 2026 sur le coefficient d’énergie primaire de l’électricité, sont (...) souvent situés dans des copropriétés anciennes. La spécificité à Paris c’est que le parc de logements G est quasi exclusivement composé de ce type de biens, la progression est donc plus difficile. Des travaux d’isolation conséquents sont indispensables dans ce type de biens », observe Julien Besnard.
Les logements notés G ne peuvent plus être proposés à la location car considérés comme indécents par l’article 160 de la loi Climat et résilience. Les F ne le seront plus à compter de 2028, puis ce sera au tour des E en 2034.
Actuellement, les propriétaires occupants et bailleurs ne peuvent pas se lancer dans une rénovation d’ampleur avec le soutien financier de l’Agence nationale de l’habitat, qui pilote le dispositif MaPrimeRénov’. Mis sur pause cet été au nom de la lutte contre la fraude, le guichet dédié à ce type de chantiers rouvrira le 30 septembre. Il fonctionne toujours pour les rénovations énergétiques à l’échelle d’une copropriété, qui attirent moins les fraudeurs.