On s’en souvient encore chez Bouyer-Leroux et Hervé Pétard à la Fédération des tuiles et briques, le rappelle aussi. En Bretagne, c’est un négociant indépendant, Paul Vézo à Lesneven, qui le premier a décidé de stocker la brique monomur, ceci dès sa mise sur le marché « Cela a d’autant plus surpris la profession dans la région, que nous fabriquons nous-mêmes des blocs en béton », rappelle Paul Blanéis, chef du département gros œuvre chez Vézo. Etonnant, en effet, au pays du granit et de la pierre de Kersanton… « Mon prédécesseur, comme chef de produit gros œuvre, d’origine espagnole, était très féru de produits terre cuite. Il a su défendre le produit et l’expliquer en interne. Mais c’est la famille Vézo qui a choisi », explique Paul Blanéis.
Le direct chantier se développe
Du côté des maçons, un partisan de la première heure a été Pierre Possémé, qui fut il y a quelques années le dynamique président de l’Umgo (Union de la maçonnerie et du gros œuvre) à la FFB (voir encadré). Très mobilisé par la question de la revalorisation de l’image du métier de maçon auprès des jeunes, il a vu dans cette nouvelle technique, l’occasion de changer les représentations et de moderniser l’image de la profession.
Aujourd’hui, pour le négociant, la question de savoir si il faut stocker de la brique monomur ne se pose évidemment plus. C’est un incontournable. Quoique… Pour cette famille de produit, le direct chantier se développerait de plus en plus. Alors pourquoi continuer à le stocker en dépôt ? Suivant nos interlocuteurs, pour différentes raisons. Premièrement, pour des questions de logistique et d’organisation du chantier. Faire déposer 25 palettes de briques à pied d’œuvre au début des travaux embarrasse le client si l’espace de travail est réduit. Dans un tel cas, le négoce joue son rôle en livrant au fur et à mesure de l’avancement. Deuxièmement, le fait que le monomur est un produit système, avec toute une gamme de références qu’il faut détenir en cas de besoin. Il y a d’abord le mortier-colle, compris dans le prix et servi en sac en même temps que les briques (c’est une des originalités du produit). Outre la brique monomur qui se pose en partie courante, il y a divers accessoires, comme par exemple la « planelle », petite brique que l’on pose en about de plancher, et qui permet de traiter les ponts thermiques. Troisièmement, comme le souligne Jérome Deperrois (Imerys Structure) au niveau du merchandising : « Pour qu’un produit puisse bien se vendre, il faut qu’il soit montré. Les négociants qui vendent bien le monomur, sont ceux qui lui accordent une belle place dans leurs stocks ».
Les industriels aussi misent sur la proximité. Comme le fait remarquer Jérome Deperrois, naguère, le marché de la terre cuite se structurait en grands ensembles multirégionaux tels que l’Est ou le Sud-Ouest, des espaces partagés par des « zones grises » dominées par le bloc béton, où la terre cuite était presque entièrement absente. C’est dans ces espaces qu’aujourd’hui le monomur, et à sa suite la brique de 20 cm, se développent. D’où une stratégie commerciale visant une couverture nationale. Après les deux leaders, Bouyer-Leroux vient d’organiser son réseau de distribution et ses équipes commerciales dans ce sens.