Fils d’agriculteur, il avait voulu revenir à la terre au point de passer un BEP d’agriculture à 60 ans ! Michel Ramery, qui s’était bâti la 361e fortune de France selon le magazine Challenges, ne pouvait toutefois s’empêcher de voir les choses en grand alors il avait imaginé une exploitation laitière taille XXL, la fameuse ferme des 1 000 vaches dans la Somme, «la solution à une filière en grande difficulté» pour son promoteur, une catastrophe écologique pour ses détracteurs. Fin avril, la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait demandé que l’extension du cheptel de 500 à 880 bêtes fasse l’objet d’une nouvelle enquête publique. Pas sûr que ce projet très controversé survive à son initiateur, qui avait la réputation d’avancer comme les rouleaux compresseurs qui tracèrent le chemin de sa réussite.
En parallèle de la tenue de l’exploitation familiale, la saga Ramery avait, en effet, débuté en 1972 par une petite affaire de location d’engins agricoles et de matériel de travaux publics. La diversification, déjà, dont Philippe Beauchamps, le président du directoire du groupe Ramery, auquel Michel Ramery avait confié le soin d’organiser sa succession, nous expliquait durant l’hiver 2015 qu’elle était, avec la croissance externe, l’ADN de la maison. Rendez-vous compte, de 1972 à nos jours, Ramery aura fait près de 70 acquisitions !
Indépendant, farouchement
C’est le chantier du métro de Lille qui, en 1982, lancera véritablement la «success story». Le tunnel sous la Manche, le TGV ou encore Euralille assoiront la réputation d’une entreprise qui deviendra très vite le premier groupe régional indépendant de BTP. Indépendant, oui, farouchement. «Je ne subis par le diktat de la cotation, expliquait encore Philippe Beauchamps l’an dernier. Je n’ai pas au-dessus de la tête un actionnaire qui me réclame toujours plus de dividendes. Il me demande les mêmes depuis quinze ans ! Nous pourrions demain faire 800 millions d’euros de chiffre d’affaires mais il faudrait pour cela ouvrir notre capital à un financier, or notre choix c’est justement de ne pas le faire.» Le chiffre d’affaires en question a quand même doublé en sept ans, dépassant les 500 millions d’euros, grâce notamment à un rayonnement désormais national, à Bordeaux notamment, où le rachat de Snegso a permis à Ramery de s’offrir l’une des plus grosses commandes de logements de son histoire.
Si, chez Ramery, la sagesse interdit de dire que tout va bien on concède que «cela va certainement moins mal qu’ailleurs». Enfin, depuis la disparition de Michel, ça n’est plus tout à fait pareil quand même.