Construire dans l'optique de mieux déconstruire et revaloriser.
Telle est la mission confiée au spécialiste de la fabrication modulaire E-Loft par la commune de Langouët (Ille-et-Vilaine). Un permis de lotir pour huit maisons a en effet été délivré en mars. Les premières livraisons interviendront début 2020.
Adossé à une étude opérationnelle menée par des experts avec la participation d'ateliers citoyens, le programme, plus vaste, comptera à terme 14 logements sociaux ou en accession sociale « triple zéro » [zéro besoin en énergie, zéro émission de carbone, zéro déchets de chantier, NDLR] et aisément démontables. Autant d'habitations conçues, dès l'origine, selon une logique industrielle pour être ré assemblées sur un autre site ou pour être entièrement revalorisées.
Déconstruction simplifiée. Ambitieux, ce projet supposait un cahier des charges strictement défini. Chaque ouvrage doit être principalement construit avec des matériaux bio sourcés.
Les systèmes constructifs utilisés permettront à terme une déconstruction simplifiée pour faciliter la récupération et la valorisation des divers composants du bâti. « Chaque pièce de bois sera identifiée sur un support numérique afin de faciliter sa réutilisation future », détaille Philippe Roué, directeur d'E-Loft. Par ailleurs, pour limiter l'impact sur le terrain d'emprise de la maison, les fondations de type semelles filantes en béton seront interdites. D'où le recours à des pieux en acier vissés de type Techno Pieux. Un parti pris qui permet au bâtiment de ne laisser aucune empreinte négative sur le sol après sa déconstruction.
« Notre commune est déjà reconnue pour son engagement écologique, mais nous avons voulu aller encore plus loin en montant ce projet dans une véritable démarche cradle to cradle (C2C) [1] », se félicite Daniel Cueff, maire de la commune.
Converti à ce concept qui intègre les notions d'économie circulaire, d'écoconception et de prise en compte du cycle de vie des produits, l'édile entend l'appliquer à l'habitat.
L'habitat sera « triple 0 » : 0 besoin en énergie, 0 émission de carbone, 0 déchets de chantier.
Le choix d'un programme en ossature bois à la place d'une maçonnerie s'inscrit dans cette volonté d'éviter les déchets de déconstruction et offrir une voie de réutilisation quasi immédiate aux modules. « L'objectif est d'atteindre 80 % des matériaux de construction labellisés C2C afin d'éviter toute perte de matière première. Nous voulons éviter que cette dernière ne finisse à l'incinération ou à l'enfouissement, enfin de vie », précise l'élu, qui n'est pas le seul à poursuivre cet objectif. En effet, Roubaix (Nord) est devenue en 2016 la première ville française à accueillir un bâtiment public (500 m ) entièrement démontable et préfabriqué. Les fondations étaient constituées de pieux métalliques battus, sur lesquels repose une plate-forme d'assise en métal.
(1) Littéralement, du berceau au berceau, soit un cycle de vie du produit à l'infini.