A Cherbourg (Manche), 1 300 logements sont désormais chauffés et alimentés en eau chaude sanitaire grâce à un réseau d’eau tempérée alimenté en énergie par l’eau de mer, en lieu et place de chaudières gaz. « Tout a été fait pour que ce projet n’aboutisse pas », tempête Daniel Lereculey, président de Presqu’île Habitat, l’Office public de l’habitat de la communauté urbaine de Cherbourg, en visant à demi-mot l’Ademe qui aurait préféré une chaudière à bois. Mais le maître d’ouvrage a tenu bon. « L’étude préalable a montré que le recours à l’eau de mer offrait le coût le plus faible pour nos locataires », explique Jacqueline Bisson, directrice générale de Presqu’île Habitat et présidente de l’association syndicale libre La Divette (initiateur du projet). Difficile de donner le coût exact pour un locataire, mais la facture devrait être de 35 euros par mois pour le chauffage d’un appartement F4 de 80 m², à laquelle s’ajoute le coût de l’eau chaude sanitaire.
L’installation, qui a nécessité 1,3 million d’euros d’investissements, comprend une station de pompage et d’échange de chaleur et un réseau en PEHD d’eau tempérée.
Deux pompes à chaleurs (PAC) de 800 kW chacune ont été installées et alimentent un réseau de chaleur existant de 600 m de long. Il est prévu que les PAC assurent 84 % des besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire, les 16 % restants provenant des chaudières gaz restées en appoint. « Les chaudières se déclenchent quand la température extérieure de l’air est inférieure à 5 °C, ou quand l’eau de mer est en dessous de 8 °C », explique Benoît Delage, chargé de mission à la direction commerciale de Dalkia, qui gère la maintenance de l’installation pour une durée de huit ans, EDF Optimal Solutions ayant remporté la conception et la réalisation. « Nous avons ainsi diversifié notre mix énergétique, car nous disposons aussi d’une installation de chauffage au bois. Et le fait d’avoir financé nous-mêmes l’opération nous a permis de passer un contrat d’exploitation de huit ans et de pouvoir faire jouer la concurrence au bout de cette période », conclut Jacqueline Bisson.
