Après une semaine de bras de fer entre les entreprises de BTP, à l’arrêt pour des raisons de sécurité ou d’approvisionnement, et l’Etat qui souhaitait les voir reprendre le travail, la semaine qui s’ouvre s’annonce tout aussi confuse.
Si le gouvernement et les fédérations du BTP (FFB, FNTP, Capeb) sont parvenus à un accord pour favoriser la reprise des chantiers, la maîtrise d’œuvre s’est montrée plus ferme. Dans un communiqué, le Conseil national de l’ordre des architectes a déclaré qu’ils n’accepteront pas une reprise « à risque » des chantiers. Sur le terrain, ce message ferme semble très largement partagé.
La position de la maîtrise d’ouvrage attendue
En revanche, la maîtrise d’ouvrage est plus ambiguë. « On attend des gestes clairs de la part des donneurs d’ordres publics et privés » déclare Nicolas Lebon, secrétaire général de la FFB de Bretagne.
Même attente dans les Pays de la Loire. « Podeliha, le plus important bailleur social de la région a mis tous ces chantiers à l’arrêt mais le mouvement n’est pas unanime chez tous les donneurs d’ordres » déplore Régis Rousseau, président de la FFB des Pays de la Loire. Les promoteurs, par exemple, ne font guère entendre leurs voix et encore moins une seule et même voix.
Localement, les donneurs d’ordres publics sont rares à s’exprimer clairement sur cette question.
Silence radio dans les conseils régionaux de Bretagne ou des Pays de la Loire, ainsi que dans les grandes métropoles comme Nantes ou Rennes. A l’opposé, la Mayenne est l’un des rares départements à stopper tous ses chantiers.
« Cette décision a été prise en concertation avec les acteurs et fédérations professionnelles concernés. Cette mesure importante vise en premier lieu à préserver la santé des salariés du BTP et de leurs familles et limiter la propagation du Covid-19 » a indiqué son président Olivier Richefou.
« L’Italie décide de renforcer son confinement aux seules activités essentielles. Il n’est pas compréhensible que l’on torde le bras aux acteurs du bâtiment pour qu’ils reprennent le travail ! » complète-t-il dans un tweet.
Les entreprises sont partagées
Dans les entreprises, la grande majorité des dirigeants semble se prononcer pour le maintien de l’arrêt des chantiers. Ce message est d’ailleurs relayé par la plupart des fédérations départementales de la FFB ou de la Capeb.
Dans les Pays de la Loire, les deux fédérations estiment qu’il « reste encore trop de zones d’ombre pour permettre la reprise dans de bonnes conditions ce lundi ». « Compte tenu de ces éléments, nous maintenons notre consigne de suspension des chantiers pour la semaine prochaine afin de préserver nos salariés et ménager la responsabilité des chefs d’entreprise » indique un communiqué commun entre la Capeb et la FFB des Pays de la Loire.
Pour Régis Rousseau, président de la FFB régionale, « il n’est pas question de demander à nos entreprises de reprendre le travail tant que nous n’avons pas le document de l’OPPBTP précisant les protocoles de sécurité, adaptés au coronavirus ». Mais le dirigeant va plus loin. « Le gouvernement devrait préciser clairement quels sont les chantiers où nous avons l’obligation de travailler, ceux en lien avec l’activité vitale du pays, et ceux où nous avons interdiction de le faire comme les chantiers neufs, certains chantiers de particulier, etc. ».
La Bretagne du BTP est sur la même longueur d’onde. « Ces protocoles de sécurité ne seront vraisemblablement pas prêts avant mardi, voire mercredi prochain » indique-t-elle dans un document envoyé à tous les adhérents en leur conseillant d’attendre qu’ils soient rédigés avant de reprendre le travail. « Il faudra voir, ensuite, si ces protocoles de sécurité sont applicables sur vos chantiers et si vous pouvez véritablement reprendre le travail, ou pas. Ce sera du cas par cas : entreprise par entreprise et chantier par chantier » poursuit-elle. Et de conclure : « compte tenu de l’évolution journalière de la pandémie, et à l’heure où l’Italie et l’Espagne arrêtent toute activité non essentielle et arrêtent de ce fait les chantiers du BTP, nous serons amenés à réajuster notre recommandation au fil de la semaine ».