Crise Ukraine-Russie : quelles conséquences pour le BTP français ?

La crise politique qui oppose les deux pays sur la Crimée pourrait avoir des conséquences négatives pour les projets russes en France, ainsi que pour les constructeurs, industriels, ingénieristes et architectes actifs dans la Fédération.

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Le projet d'église orthodoxe à Paris, conçu par Wilmotte & Associés, est initié et financé par l'État russe

Le sujet est à ce point sensible que tous les acteurs du BTP français actifs en Russie, contactés par le Bulletin européen du Moniteur (BEM), ont refusé de s’exprimer. Pourtant, ces constructeurs, industriels, ingénieristes et architectes seraient, à des degrés divers, touchés en cas de sanctions économiques et financières à l’encontre d’entreprises et d’investisseurs russes en raison du rattachement de la Crimée à la Russie. Sanctions qui ne sont pas exclues par l’Union européenne. Ces mesures de rétorsion entraîneraient mécaniquement une détérioration de l’économie de la Fédération, déjà moribonde et en mal de financements internationaux. «Certains projets vont être stoppés, et cela a même déjà commencé», vient d’affirmer l’ancien ministre des Finances de Russie, Alexeï Koudrine. Cette récession, ajoutée au potentiel gel des investissements internationaux en Russie et des investissements russes en France, aurait un impact certes relatif, mais non négligeable, pour certains acteurs de la construction en France.

Vinci et Wilmotte en première ligne

Vinci est le plus exposé. Le major du BTP français réalise actuellement un important contrat de construction-concession sur le premier tronçon du projet d’autoroute à péage Moscou-Saint-Pétersbourg (43 kilomètres), d’un montant de 1 milliard d’euros, et vient de remporter le contrat de construction du stade du Dynamo de Moscou. Lafarge dispose pour sa part de deux cimenteries et de quatre carrières de granulats dans le pays, et prévoit l’ouverture d’une nouvelle cimenterie en Russie. Saint-Gobain emploie, lui, plus de 3 000 personnes dans la zone Russie/Ukraine/CEI, et y dispose de huit sites de production. L’industriel a par ailleurs signé, en coopération avec Lafarge et Schneider Electric, un accord de coopération avec le bureau d’études russe A_Priori pour la construction de logements économes en énergie. Enfin, la Fédération représente une part très importante de l’activité de l’agence d’architectes Wilmotte et associés. Elle y mène actuellement de nombreux projets et a participé au projet du Grand Moscou, avec l’ingénieriste Egis.

L’église orthodoxe russe de Paris en danger ?

En France, on peut également s’interroger sur l’avenir du projet très symbolique d’église orthodoxe russe à Paris, financé par la Fédération sur un terrain acquis par l’État russe à deux pas de la Tour Eiffel, et conçu par Wilmotte. Les tours Hermitage Plaza, à Courbevoie, dont le début de la construction est prévu pour le printemps 2015, pourraient aussi être concernées. Elles sont développées par un promoteur d’origine russe, pour un montant total de 2,4 milliards d’euros.

Un marché énorme qui se ferme ?

Plus que les projets et les positions industrielles des groupes français en Russie, c’est surtout le marché potentiel énorme pour le secteur que représente la Fédération qui pourrait se fermer à cause de cette crise. Le gouvernement a notamment lancé un vaste programme de construction et de rénovation énergétique de logements, ainsi qu’un projet de réseau de lignes à grande vitesse en vue de la Coupe du monde de football que le pays organisera en 2018. La Russie souhaite aussi investir massivement dans les infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires.

Plus d'informations avec le BEM, la lettre de la construction à l'international

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