Pour faire face à la crise du logement, « les solutions existent, mais nous ne les utilisons pas assez » lance Maxime Bitter, délégué général de Lille Métropole Habitat (32 000 logements), lors du Speed dating de l’immobilier, une matinée de débats qui a réuni 400 promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, aménageurs publics et banquiers, à l’initiative de Crédit Mutuel Arkéa, à Paris le 13 septembre.
L’ex-journaliste du Moniteur milite pour « une politique du logement plus agressive » de la part des collectivités, car la réponse à la crise actuelle se trouve aussi « dans les territoires et pas qu’à Paris » où le gouvernement planche sur un projet de loi - encore nébuleux - issu des travaux du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement. Aucune date de présentation n’a été donnée.
« Si la négociation foncière avec les propriétaires pour anticiper les mutations urbaines ne débouche sur rien, il faut utiliser l’arme ultime : la déclaration d’utilité publique (DUP), suggère-t-il. La métropole de Lille avance sur le sujet, en prenant la main sur de gros fonciers souvent pollués à aménager. A l’heure où l’on parle de décentralisation des politiques publiques, c’est plus une question de "vouloir" que de "pouvoir". »
Une production HLM « quasi nulle en 2025 et 2026 » ?
Dans la métropole de Montpellier, des « choix politiques » ont été pris sans attendre les conclusions - décevantes - du CNR Logement ou d’une quelconque initiative centrale, souligne Cédric Grail, directeur général du groupe public Altémed (aménageur, bailleur social, énergéticien). Le premier : le « choc de l’offre » initié en 2021 par le maire socialiste Michaël Delafosse, soit 8000 logements à lancer en deux ans. A date, il en reste 1500 à attribuer.
Le deuxième, plus récent : l’Office public de l’habitat (OPH) ACM Habitat (21 000 logements) a accepté de « perdre 40% de fonds propres, soit une perte de 30 à 40M€ » pour répondre à la demande locale, à raison de 1200 nouvelles logements par an. Le rythme annuel des 10 dernières années était de 400, estime-t-il.
Une stratégie à contre-courant de la majorité des bailleurs sociaux qui lèvent le pied sur les mises en chantier « en attendant que les taux baissent, pour ne pas mettre trop de fonds propres », pointe-t-il. Il en va de la production HLM, bien partie pour être « quasi nulle en 2025 et 2026 », anticipe le fonctionnaire.
En marche vers la transformation de l’existant
Si le message gouvernemental sur la décroissance du neuf au nom du climat et de la sobriété semble être digéré, l’événement a eu le mérite de remotiver les participants. En témoignent les bonnes nouvelles venues du marché en devenir de la réhabilitation.
Nexity table par exemple sur 12 000 nouveaux logements à un horizon non déterminé, dans le cadre d’un partenariat annoncé en juin dernier avec Carrefour sur « la reconversion de 76 friches commerciales », illustre Julie de Roujoux, directrice générale déléguée chargée de l’immobilier résidentiel. D’où la nécessité de « revoir nos compétences en interne, pour ensuite les promouvoir via notre nouvelle marque Nexity Héritage », qui regroupe trois filiales de transformation de l’existant.
Outre la transformation des zones commerciales que le gouvernement veut soutenir, les bureaux obsolètes offrent également de belles perspectives. « Nous ne nous rendons pas compte des conséquences de la désaffection pour les immeubles tertiaires en centre-ville qui ont souffert du Covid, du développement du télétravail et aujourd’hui du décret tertiaire (ou dispositif Eco Energie Tertiaire, NDLR), rappelle Maxime Bitter. Quand le bâtiment est mutable en logements, il n’y a plus de problèmes de PLU, de bâti, tout est là. En trois ans, l’opération est sortie. Et trois ans, dans le cycle de l’immobilier, c’est très rapide. »
Ne reste plus au nouveau ministre du Logement Patrice Vergriete qu'à transformer les paroles en actes. Les professionnels qui ont écouté son court discours d’ouverture positivent : « nous avons un ministre bâtisseur ».