Crise du logement : en Seine-Saint-Denis, la charge de Stéphane Troussel contre le gouvernement

Le président du département francilien dénonce la politique de l’exécutif en matière d’habitat, dans une lettre ouverte adressée le 5 octobre à Elisabeth Borne. Alors que le Congrès HLM 2023 s’achève, l'élu enjoint la Première ministre à faire du sujet «une priorité politique de [son] mandat».

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Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis
Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Saint-Saint-Denis.

Tandis qu’à Nantes s’achevait ce 5 octobre un Congrès HLM où la crise du logement a hanté les débats, le président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel a interpellé, par lettre ouverte, Elisabeth Borne : «Madame la Première ministre, au vu de l'immensité des enjeux, le logement doit désormais devenir une priorité politique de votre mandat

L’élu socialiste tire un bilan globalement négatif de l’action menée jusqu’ici sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le premier quinquennat ? «Le logement n'a été envisagé que comme une simple variable d'ajustement budgétaire, une ligne comptable à dégraisser. La dépense pour le logement en France est passée, entre 2016 et 2021, de 42 à 35 milliards d'euros, alors que, dans le même temps, les recettes fiscales augmentaient de 20 milliards !»

Le financement de l'habitat social ? Le courrier critique « la ponction considérable faite sur les organismes HLM, soit près de 10,43 milliards d'euros en cinq ans. Avec une conséquence dramatique : l'affaissement de la construction de logements sociaux. » Et de mentionner également «l'asphyxie de l'hébergement d'urgence».

Le Conseil national de la refondation, enfin ? «La montagne a malheureusement accouché d'une souris. Et aujourd'hui encore, les mesures annoncées à Nantes, si elles sont bonnes à prendre pour les opérateurs, resteront largement insuffisantes pour enrayer la crise - violente - qui s'annonce. Quant aux annonces faites par le gouvernement autour d'un "choc de décentralisation", c'est - je le crains - une autre manière de se défausser de ses responsabilités sur les collectivités locales

La Seine-Saint-Denis, «plus durement» touchée

Stéphane Troussel insiste donc sur l’urgence à «changer de logiciel», en soulignant la position particulièrement difficile du département qu’il préside, «où le taux de pauvreté est deux fois supérieur à la moyenne nationale».

En Seine-Saint-Denis, assure-t-il, «tous les éléments se conjuguent pour que le mal-logement frappe plus durement : la démographie, avec le département le plus jeune de France métropolitaine et qui connaît une forte augmentation de sa population ; un foncier à proximité de Paris qui est de plus en plus rare et cher ; une forte concentration des programmes de rénovation urbaine qui peinent à sortir de terre, avec les difficultés financières des bailleurs sociaux et des subventions Anru qui ne sont pas réajustées en fonction de la hausse des coûts des projets.» L’élu enfonce donc le clou : le gouvernement doit réagir, « sans quoi [il fera] courir un péril grave à la cohésion de notre société. »

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