Crise du logement en Gironde : « une catastrophe économique et sociale »

Promoteurs et agents immobiliers, entreprises du bâtiment et HLM, aménageurs et ingénieurs, tous les acteurs de la construction girondins sont unis contre la crise du logement. Mercredi 4 octobre, ils ont organisé une conférence afin d’interpeller le gouvernement et avancer des solutions.

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Les participants à la conférence de presse « Crise du logement - tous concernés, tous unis » donnée à Bordeaux le 4 octobre 2023 par les professionnels du secteur
Le 4 octobre 2023, les acteurs locaux de la construction ont alerté sur les conséquences de la crise du logement et proposé des solutions. De gauche à droite : Frédéric Lesvigne, président de la FNAIM Gironde ; Jérôme Banderier, président de l’Unam Nouvelle-Aquitaine ; Mathias Saura, président du Medef Gironde ; Pierre Vital, président de la FPI Nouvelle-Aquitaine ; Thierry Leblanc, président de la FFB Gironde ; Cécile Despons, présidente CPME Gironde ; Franck Schikowski, président Pôle habitat FFB Gironde.

A l’appel de l’Alliance nationale, les acteurs locaux - pas toujours d’accord entre eux – ont sonné l’alarme sur l’effondrement de la construction de logements qui mène la France dans le mur. Ils alertent sur « la catastrophe économique et sociale » pour l’emploi et pour le mal-logement. Sans oublier les conséquences environnementales des rénovations énergétiques à la peine et de l’éloignement de la population afin de se loger.

En Gironde, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a enregistré « 50 % de désistements deux trimestres d’affilée, contre 10-12 % auparavant, et des baisses de réservations de 40 % sur la même période », précise le président régional Pierre Vital. Thierry Leblanc, son homologue départemental à la Fédération française du bâtiment (FFB), voit chuter la production de logements dans la métropole bordelaise : « 10 500 en 2019, 8 200 en 2022 ». Toutes les branches professionnelles expriment leurs craintes mais formulent des solutions.

Jérôme Banderier, de l’Union nationale des aménageurs (Unam), suggère « de bonifier les prêts qui servent des constructions vertueuses par leur qualité, leur usage ou leur emplacement », et aussi « d’assouplir les droits de succession quand il y a un réinvestissement dans l’immobilier neuf ». Du côté de la FNAIM, qui « vend, loue ou gère le parc existant, c’est-à-dire l’immense majorité », Frédéric Lesvigne, président départemental de l’organisation, voudrait alléger « la fiscalité dissuasive » sur le logement locatif.

Deux ans et demi de délai pour un logement social en Gironde

Les promoteurs invitent le gouvernement à flécher les aides à la rénovation énergétique « en direction des opérateurs, et pas seulement des particuliers, pour massifier les interventions thermiques, bien plus efficaces à l’échelle d’un immeuble que d’un appartement ». Par ailleurs, « seule l’industrialisation de la filière bas carbone permettra de faire baisser les coûts de production », ajoute Pierre Vital. Muriel Boulmier, présidente de l’Union régionale des HLM, demande « l’extension du prêt à taux zéro, le meilleur outil pour l’accession à la propriété », alors que les files d’attentes s’allongent à la porte du logement social : 47 000 demandes et deux ans et demi de délai en Gironde. Elle réclame aussi une révision de la Loi Energie Climat avec « des actes de décentralisation. La politique du logement doit être une politique de proximité » Autre piste pour « la reconstruction de la ville sur la ville, condition du Zéro artificialisation nette (ZAN) : il va falloir entamer le dialogue avec l’architecte des Bâtiments de France sur les vieilles constructions des centres-villes », glisse-t-elle.

Sophie Hopensztand, pour les bureaux d’études de l’Association régionale de l’ingénierie d’Aquitaine (Aria), s’inquiète de « l’empilement de normes et de labels, qui contribuent au ralentissement des constructions ». La durée moyenne a bondi de trois à six ans. Face aux prix des matériaux qui ont enflé de 35 % en deux ans, elle suggère de « mettre autour de la table les grands industriels pour parvenir à une maîtrise des coûts, comme cela se fait dans la grande distribution ».

Autant de mesures jugées « urgentes ». La FFB de Gironde prévoie déjà 1 500 suppressions d’emplois l’an prochain chez ses adhérents, soit 12 % des effectifs.

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