Le vase de Vix, un bronze grec exceptionnel de 1,64 m de haut pesant 208 kg, ne bénéficiera pas d'un cadre à sa mesure. Le conseil municipal du 27 juin a abandonné le projet d'un nouveau musée prévu sur 2 200 m2 dans d'anciens bâtiments conventuels de l'abbaye Notre-Dame de Châtillon (« Le Moniteur » du 18 août 2000). Motif invoqué : la ville choisit la « voix de la raison » en préférant ne pas s'engager dans des dépenses inconsidérées. Hubert Brigand, reconduit dans son fauteuil de maire à l'issue des dernières élections, ne souhaite pas en dire plus.
La décision communale provoque la colère d'Antoine Stinco, l'architecte parisien retenu sur concours le 2 décembre 1998. « C'est proprement scandaleux de nous avoir fait travailler jusqu'au bout dans ces conditions », souligne t-il. La commission d'appels d'offres avait retenu le 19 juin, pour le clos et couvert (1,37 million d'euros, soit 9 millions de francs), les entreprises prestataires.
L'arrêt du projet irrite aussi certains cofinanceurs qui, pour faire face à près de 1 million d'euros de travaux supplémentaires, n'ont pas hésité à gonfler leur participation. « C'est lamentable, car les subventions avaient atteint un montant sans précédent pour un équipement culturel de cette nature, compte tenu de l'addition des crédits du ministère de la Culture et des crédits européens », indique-t-on à la direction régionale des affaires culturelles (Drac). L'enveloppe s'élevait en effet à 2,36 millions d'euros (15,5 millions de francs), soit la moitié du coût global d'opération arrêté à 4,66 millions d'euros hors taxes (30,6 millions de francs).
Après la révision à la hausse des engagements financiers du conseil général de la Côte-d'Or et du conseil régional de Bourgogne - deux assemblées où le maire de Châtillon siège dans les rangs majoritaires -, l'ensemble des cofinancements avoisinait les 80 %. « Quel gâchis ! » conclut François Lépine, préfet de région et préfet de la Côte-d'Or, qui s'est personnellement impliqué pour défendre bec et ongles ce dossier.
«C'est proprement scandaleux de nous avoir fait travailler jusqu'au bout dans ces conditions»
Antoine Stinco, architecte parisien retenu sur concours