Corse : l'île prépare son autonomie énergétique

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A Ajaccio, la centrale électrique du Ricanto, dont la construction a démarré, sera alimentée par de la biomasse liquide, un combustible élaboré à base d'huiles de colza et de tournesol.

En Corse, les investissements destinés à la transition énergétique dépasseront le milliard d'euros. La signature d'ici la fin du premier semestre 2025 du décret validant la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), adoptée par la collectivité de Corse pour la période 2024-2028, devrait lui donner les moyens d'être autonome énergétiquement d'ici 2050.

« Un tiers de l'électricité consommée provient des énergies renouvelables telles que l'hydraulique, le solaire et l'éolien, un autre tiers des centrales au fioul de Bastia (Haute-Corse) et d'Ajaccio (Corse-du -Sud), tandis que le dernier tiers est fourni par des liaisons avec la Sardaigne et l'Italie. Il y a un enjeu très important pour EDF de décarboner ses moyens de production », explique Vincent de Rul, le directeur régional Corse de l'énergéticien. Ce dernier gère actuellement un réseau de 11 000 km alimentant 280 000 clients et investit une vingtaine de millions d'euros par an pour le développer, l'étendre, l'enfouir et le renforcer face au changement climatique.

Biomasse liquide. Un premier jalon de la PPE a été posé avec la centrale électrique du Ricanto, à Ajaccio, dont la construction, au stade des terrassements, a démarré sous la maîtrise d'ouvrage d'EDF-PEI, filiale créée en 2006 pour renouveler les moyens de production thermique dans les zones insulaires non interconnectées comme la Corse. D'un coût de 800 M€, l'opération vise à remplacer la centrale du Vazzio, qui fonctionne actuellement au fioul, par une autre alimentée par de la biomasse liquide. Le recours à ce combustible élaboré à partir d'huiles de colza permettra de diviser par trois les émissions de CO2 et par dix les autres émissions atmosphériques.

Par ailleurs, le maître d'ouvrage a choisi un site à proximité de la centrale existante, ce qui lui permet de profiter des infra structures déjà en place : réseau électrique, canalisations et sites de stockage du combustible. Livré fin 2027-début 2028, l'équipement, d'une puissance de 130 MW, couvrira environ 20 % de la consommation annuelle insulairede 2 200 GWh.

La sortie à terme des énergies fossiles passe par le développement des EnR locales dont la part de production doit passer de 35-40 % aujourd'hui à 80 % en 2030. Pour l'instant, 18 MW d'éolien sont installés notamment dans le nord de l'île. EDF, l'Etat et les collectivités misent à l'avenir sur le photovoltaïque solaire (capacités actuelles : 274 MW) ainsi que l'hydroélectrique (capacités actuelles : 223 MW).

Pompage. La PPE devrait, par exemple, débloquer le projet de station de transfert d'énergie par pompage installée sur un ouvrage hydraulique existant situé sur le Fium'Orbu, à Ghisoni et Lugo di Nazza. « Il consiste à ajouter une pompe qui fonctionnera en journée grâce à l'énergie solaire. Elle remontera l'eau depuis la retenue, située en bas, jusqu'au bassin supérieur où elle sera stockée. En cas de pic de consommation d'électricité, l'eau sera turbinée pour alimenter le réseau en énergie hydro-électrique », décrit Vincent de Rul. Actuellement au stade de l'appel d'offres auprès des fournisseurs des équipements supplémentaires nécessaires, EDF table sur trois ans de chantier et une mise en service fin 2028.

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