Construire frugal en Méditerranée : 15 exemples inspirants

Le déconfinement approche. Il sera progressif. Il nous reste encore du temps pour lire des ouvrages en accès gratuit sur le net. Parmi ceux-là, le guide « Construire frugal en Provence-Alpes-Côte d’Azur » peut être une source d’inspiration. Coécrit par l’association EnvirobatBDM et l’architecte Dominique Gauzin-Müller, il contient quinze fiches présentant chacune une construction frugale. De quoi donner du grain à moudre pour l’après-confinement.

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Lancé en 2018 par Dominique Gauzin-Müller, Philippe Madec et Alain Bonarel, le Manifeste pour une frugalité heureuse et créative dans l’architecture et l’aménagement des territoires a fait des émules en Méditerranée.

EnvirobatBDM est l’un d’eux. Porteuse des démarches bâtiment durable méditerranéen (BDM) et quartier durable méditerranéen (QDM) qui visent toutes deux à promouvoir des réalisations limitant leur empreinte carbone, l’association a décidé d’élargir son action dans la logique du manifeste.

« La frugalité comprend des aspects que l’on retrouve dans la démarche BDM : confort et santé, matériaux, territoire et site. Tout cela s’inscrit très naturellement dans la démarche BDM », estime Lionel Mallet, chargé de mission Bâtiments passifs et frugaux au sein de l’association.

Il s’est d’ailleurs vu confier la tâche d’être le référent du réseau de la frugalité heureuse en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) qui compte aujourd’hui une trentaine de relais locaux en France.

Montrer pour convaincre

A ce titre et pour répondre au programme d’actions subventionné par l’accord-cadre de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’ADEME et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), il a animé en 2019 un groupe de travail composé d’adhérents d’EnvirobatBDM, - architectes et ingénieurs pour la plupart -, mais aussi de représentants de la DREAL et des collectivités.

Partant du principe qu’il faut montrer pour convaincre, les membres du groupe de travail ont décidé de promouvoir la frugalité à partir d’exemples concrets. Cette réflexion aboutit aujourd’hui au guide « Construire frugal en Provence-Alpes-Côte d’Azur ».

Sont visés les maîtres d’ouvrage mais aussi les maîtres d’œuvre pour leur donner envie de faire. « Ces derniers sont importants car ce sont eux qui font des propositions. S’ils ne sont pas porteurs d’un message fort, les maîtres d’ouvrage garderont leur réticence et n’iront pas plus avant », insiste Lionel Mallet.

Exemples concrets

Mise en ligne sur internet ce mois-ci, la dernière publication d’EnvirobatBDM présente quinze exemples de constructions réparties dans trois chapitres : cinq équipements publics, six bâtiments tertiaires, quatre opérations d’habitat.

Sur le nombre, 14 ont été construites en Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) et une à Nîmes dans le Gard, ex-région Languedoc-Roussillon.

Pour les aider dans la rédaction de l’ouvrage, les membres du groupe de travail ont fait appel à l’architecte et chercheuse Dominique Gauzin-Müller. Elle s’est attachée à interroger toute la chaîne de construction mais aussi l’usager : « La construction frugale est le résultat d’une démarche globale dans laquelle l’occupant a une place prépondérante », rappelle-t-elle d’ailleurs en introduction de la publication.

Dans cette logique, la description du projet et la fiche technique de chacun des 15 projets s’accompagnent d’un ou deux témoignages.

Bien souvent, le maître d’ouvrage ou l’usager a été invité à s’exprimer. Dominique Gauzin-Müller a, par exemple, été très touchée par le témoignage de la directrice de l’école Jean-Carrière à Nîmes (Gard), qui déclare avoir été sensible au projet conçu par les architectes de l’Atelier GA et Tectoniques car le seul à « intégrer vraiment » les platanes, vestiges de l’ancienne école.

Savoir-faire local

Le parti pris de détailler la fiche technique résulte aussi de la volonté de mettre en avant les savoir-faire locaux, à la fois des architectes, des bureaux d’études et des entreprises, mais aussi les filières de matériaux à l’instar du riz de Camargue. Ses coproduits (balle et paille de riz) sont aujourd’hui valorisés comme isolants.

Livré en 2020, le siège de la communauté de communes des Baux Alpilles à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) est, par exemple, isolé en partie avec de la balle de riz.

Quant à l’espace culturel La Boiserie à Mazan (Vaucluse), bâtiment en bois livré en 2012, il a marqué une étape décisive dans l’emploi de la paille pour isoler des équipements publics en France. Conditionnée dans des caissons en bois, la paille de blé compressée forme autour de la salle polyvalente une enveloppe isolante continue de 37 cm d’épaisseur.

3es Rencontres

Ce guide ne sera pas la dernière initiative du réseau de la frugalité heureuse. Déjà, cet automne, se tiendront à Paris les

3es Rencontres de la frugalité heureuse et créative. Les débats devraient être riches car sans doute alimentés par les réflexions sur les suites à donner à la crise sanitaire que nous vivons actuellement.

D’ailleurs, dans sa dernière lettre, le mouvement a relayé l’appel « Fabriquons une relance en transitions » de Julian Perdrigeat et Jean François Caron, respectivement directeur de cabinet et maire de Loos-en-Gohelle (http://www.frugalite.org).

Dominique Gauzin-Mûller prépare pour 2021 une exposition commune à Stuttgart sur des bâtiments frugaux français et allemands avec le réseau des instituts français d’Allemagne.

De son côté, EnvirobatBDM travaille à des propositions d’évolution des référentiels BDM et QDM pour y introduire la frugalité.

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