Construction hors site : Technologies et Habitats s’implante dans l’Aisne

Leader en France dans l’habitat bas carbone, via son concept de préfabrication industrielle de blocs de bâtiment complets, l’entreprise haut-savoyarde installe une nouvelle unité de production à Saint-Quentin (Aisne).

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Montage en en préfabrication industrielle des blocs de bâtiment complets par Technologies et Habitats
Les blocs de bâtiments complets sont préfabriqués de manière industrielle sur le site de Technologies et Habitats dans le Jura comme ils le seront sur le futur site de Saint-Quentin. Ils sont ensuite prêts pour le transport et le montage in situ.

Des modules fabriqués avec des matériaux biosourcés en usine, puis livrés et assemblés les uns aux autres in situ pour de l’habitat collectif passif. Telle est la recette de l’entreprise Technologies et Habitats qui livrera ses modules à base de bois dans un rayon allant jusqu’à 300 km autour de Saint-Quentin (Aisne), cité idéalement située entre Lille et Paris.

L’entreprise fondée à Saint-Félix en Haute-Savoie en 2014 (dotée d’un technocentre à Annecy et d’une première usine d’assemblage à Dole dans le Jura), prend possession des 8 200 m2 d’une friche inoccupée, chemin de Clastrois, depuis le départ de Suez RV Picardie - Haubourdin Recyclage.

Friche Suez RV Picardie - Haubourdin Recyclage à Saint-Quentin (Aisne)
Friche Suez RV Picardie - Haubourdin Recyclage à Saint-Quentin (Aisne) Friche Suez RV Picardie - Haubourdin Recyclage à Saint-Quentin (Aisne)

A l’automne 2024, après une dizaine de mois de réhabilitation et l’installation d’un outillage estimé à 2 millions d’euros, le leader dans l’habitat bas carbonevia son concept de préfabrication industrielle de blocs de bâtiment complets débutera la production de modules.

« Des blocs de bâtiment préfabriqués sur un mode industriel organisé, sans erreur, sans défaut, sans déchets et clé en main, qui décarbonent la construction sans augmenter les coûts », a indiqué Alain Béjean, fondateur et président de Technologies et Habitats lors de la visite du site, le 19 septembre 2023.

Pour l’Opal, Office public de l’habitat de l’Aisne, 300 chambres pour étudiants sont en cours de fabrication dans le Jura. Les prochaines le seront ici, en Hauts-de-France. « Avec Bouygues Construction, nous avons aussi conçu un système pour des salles de classe. Trouver des solutions d’habitats confortables, sains et à faible impact environnemental est un enjeu capital face à l’urgence climatique », souligne le président dont l’entreprise est lauréate du label Rev3 (catalyseur de la troisième révolution industrielle en Hauts-de-France).

Jeu de Lego à assembler

Les matériaux utilisés pour la structure et la finition, sont à base de bois et réalisés en technique sèche. Exit les carrelages, faïence, plâtre et autres matériaux trop fragiles pour supporter le transport. « La filière bois en France est à ses débuts, ajoute Alain Béjean. La plupart de nos approvisionnements viennent d’Europe. Néanmoins, nous avons un engagement avec l’Ademe afin de soutenir la montée en puissance de l’industrie du bois de structure comme les grosses poutres. Nous sommes d’ailleurs aujourd’hui à 35 % d’approvisionnement en local. »

Les murs sont conçus en mélaminé sur une base de MDF (matériaux obtenu par un pressage plus intense de pièces de bois en poudre) zéro défaut et plus durable. Les toitures seront traditionnelles en deux, quatre pans ou en toit terrasse. Dans la nouvelle usine saint-quentinoise, après la conception d’un squelette, les modules seront progressivement réalisés, équipés et assemblés poste par poste.

Blocs de bâtiment complets en préfabrication industrielle de Technologies et Habitats
Blocs de bâtiment complets en préfabrication industrielle de Technologies et Habitats Blocs de bâtiment complets en préfabrication industrielle de Technologies et Habitats

Les morceaux de bâtiment de trois mètres de large et de quatre à quatorze mètres de hauteur seront dédiés à la construction d’habitat collectif à partir de cinq logements jusqu’au R+4. Tous les fluides pour l’aménagement d’une salle de bain par exemple sont également conçus pour gagner en productivité. Les modules seront acheminés par convois exceptionnels, puis grutés, posés et connectés tel un jeu de Lego géant. « Nous sommes au-dessus des normes des réglementations environnementales en vigueur et de celles à venir jusqu’en 2031 », assure Alain Béjean. De la construction à la livraison, il faudra compter un délai de six mois. Technologies et Habitats prévoit la production de 400 logements par an à partir de 2026.

400 euros de facture énergétique annuelle

« Sur l’un de nos projets d’une centaine de chambres par exemple, il faut compter une fourchette de prix allant de 2 900 à 3 500 euros du mètre carré, pour un bâtiment label biosourcé conforme à la réglementation environnementale », précise Martin Dusquesne, directeur de l’activité Entreprises générales de Technologies et Habitats. Les bâtiments passifs de Technologies et Habitats émettent 35 % de gaz à effet de serre en moins qu’une construction en maçonnerie traditionnelle. Côté facture énergétique, le gain n’est pas en reste : « pour une surface de 100 m2, il faut compter environ 400 euros de dépense annuelle », a précisé Alain Béjean. « Pour les 47 % de locataires de l’Opal qui gagnent moins de 1 000 euros par mois, c’est important. C’est un pari qui en vaut la peine », a remarqué Freddy Grzeziczak, président du bailleur social.

D’autant que les constructions sont conçues selon le PLU, le milieu environnemental et le climat local avec des complexes de façades adaptés. « Nous pourrions même déplacer nos modules car nous avons une des seules techniques qui permet de démonter très facilement, précise encore Martin Dusquesne C’est une perspective d’évolution intéressante. La construction industrialisée modulaire a un train a prendre. »

Du boost pour le Saint-Quentinois

D’ici deux ans, une centaine de personnes, des compagnons, jeunes, sans emplois et sans métiers seront localement recrutés puis formés pour répondre aux métiers de l’entreprise. Les recrutements interviendront en novembre et les premières sessions de formations début 2024. « Ce projet a du sens en termes de développement durable et de développement de nouvelles filières sur notre territoire, s’est félicité Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin et présidente de l’agglomération du Saint-Quentinois. C’est un défi environnemental pour les conditions de logements pour les citoyens pour leur confort et le coût de l’énergie qui restera assez élevé. La question de l’emploi local est aussi primordiale. Nous allons sourcer dans les quartiers. Nous sommes aussi dans l’histoire par rapport à l’utilisation des terrains de friche à reconvertir. Le renouveau du territoire est intéressant. »

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