Comment évaluer le niveau de biodiversité dans l’immobilier

L’observatoire de l’immobilier durable vient de mettre en ligne l’outil cartographique Biodi-Bat. Son objectif : inciter les professionnels de l'immobilier à s'intéresser à la biodiversité et à sa protection.

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L'outil cartographique Biodi-Bat, disponible sur la plateforme R4RE, livre un état de la biodiversité en France.

Les bâtiments peuvent désormais tester leur impact sur la biodiversité. L’observatoire de l’immobilier durable (OID) vient d’intégrer son nouvel outil Biodi-Bat sur sa plateforme d’analyse de la résilience, Resilience for Real Estate (R4RE). 

Fruit du programme de recherche appliquée Biodiversity Impulsion Group (BIG) de l’OID, réunissant une vingtaine d’acteurs (maîtres d’ouvrage, grands utilisateurs, donneurs d’ordre publics ou privés et experts), l'outil vise à renforcer l’intégration des enjeux liés à la biodiversité dans la conception et la gestion des projets immobiliers.

Etat des lieux biodiversité

Concrètement, l’outil cartographique permet d’évaluer l'état de la biodiversité au coeur de laquelle s'implante un projet immobilier. Après avoir renseigné le lieu du projet et possiblement les caractéristiques du bâtiment, l’utilisateur peut naviguer sur deux sous-indicateurs : le premier évalue le risque lié à la présence « d’espèces d’intérêt communautaire », qui varie selon la richesse d’espèces recensée dans une maille de 10 km de côté ; le second, sur la « composition du paysage », s’intéresse à l’analyse du milieu. Ici, c’est l’occupation des sols et les données relative aux connexions entre les milieux qui priment, observés sur une maille de 2 km de côté.

« Un troisième sous-indicateur interrogera le potentiel d‘accueil de la biodiversité d’un immeuble existant », prévoit Delphine Mourot, responsable de programme BIG. « Et un quatrième s’intéressera aux externalités positives, c’est-à-dire à la manière dont labiodiversité peut générer des co-bénéfices, et donc contribuer à l’adaptation au changement climatique et au bien-être », complète Loïs Moulas, directeur général de l’OID.

Pour compiler ces cartes, l’outil s’appuie sur un état de l’art scientifique et des bonnes pratiques, dont beaucoup sont disponibles sur le Centre de ressources de l’immobilier durable Taloen. « Sur le sujet de l’occupation des sols, nous sommes d’ailleurs en attente des données de la base Occupation du sol à grande échelle (OCS GE) qui fournira des cartes à plus fine échelle », explique Delphine Mourot.

Une réponse aux enjeux réglementaires

Si l’outil Biodi-Bat répond avant tout à une problématique opérationnelle, « il a aussi été développé pour répondre aux nouvelles obligations de reporting extra-financiers sur l’évaluation des risques pour la biodiversité introduite par la Loi Energie Climat, la réponse règlementaire étant un point de départ essentiel pour embarquer la profession », indique Loïs Moulas. Enrichi dans un second temps à l’échelle européenne, l’outil permettra aussi de vérifier l’alignement des critères biodiversité de la taxonomie européenne.

Biodi-Bat s'adresse donc en priorité aux promoteurs immobiliers et aux gestionnaires, mais aussi aux directions techniques des collectivités locales. « Son champ d’action s’étend même aux bureaux d’études et architectes, mandatées de plus en plus par leur client pour intégrer les problématiques liées à la biodiversité dans leur projet », indique le directeur général.

D’autres indicateurs sur R4RE d’ici 2024

La plateforme R4RE, qui représente un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros - financé par les cotisations des adhérents de l’OID, et indirectement par les partenaires des projets de recherches et les subventions principalement de l’Ademe - accueillera dans les deux prochaines années trois ou quatre nouveaux indicateurs, au fil des versions. « A commencer l’an prochain par un outil qui concernera la résilience des territoires et s’appuiera sur un programme de recherche qui a duré deux ans et dont nous sommes en train de rendre les conclusions avec l’Ademe », projette Loïs Moulas.

Ces indicateurs viennent compléter l’outil Bat-Adpat d’analyse de risques climatiques pour les bâtiments lancé en 2020 à l’échelle nationale et aujourd’hui disponible à l’échelle européenne. Pour Delphine Mourot, « l’objectif, avec ses multiples indicateurs sera bien de cumuler les approches pour mener une analyse globale ».

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