En France, l’environnement est une compétence partagée par toutes les collectivités territoriales, chacune à leur niveau ayant hérité d’un domaine d’intervention légal. Les récentes lois, Voynet, SRU ou encore la charte de l’environnement (inscrite dans la Constitution), incitent les collectivités à aller encore plus loin, vers un développement plus durable, aux objectifs ambitieux et transversaux.
Cité lors du Sommet de la Terre, organisé à Rio en 1992, le développement durable est le développement « qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins » (GH Brundtland). Il s’appuie sur un pilier économique (croissance et efficacité économiques), un pilier social (équité et cohésion sociale) et un pilier environnemental (préserver, améliorer et valoriser l’environnement et les ressources naturelles sur le long terme). Un plan mondial Action 21 est décliné localement en Agendas 21, programmes d’actions traduisant les principes du développement durable. « Les élus et les techniciens des collectivités ont conscience qu’ils doivent accompagner le changement, faire évoluer les pratiques, trouver des marges de progression, explique Nadia Mabille, chef de projet Agenda 21 à la communauté urbaine du Grand Lyon depuis 2003. Notre mission a ainsi permis la mise en place d’une conduite de projet dédiée, la réalisation de documents d’information, de sensibilisation, et une formation sur le développement durable (DD) : guide interne, observatoire du DD, réunions avec les communes, les industriels, et les habitants. »
Recrutement de nouveaux profils,plus diplômés. Pour faire face à la complexité des enjeux, les collectivités recrutent de nouveaux profils, souvent des personnes diplômées. Ingénieur territorial, Nadia Mabille est dotée d’une formation universitaire en géographie-aménagement du territoire de niveau bac 6.
Les chargés de missions DD ont des positionnements différents selon les collectivités : certaines les rattachent à la cellule environnement, d’autres créent en parallèle des missions Agenda 21. « Au Grand Lyon coexistent une mission Agenda 21, auprès du directeur général, et une mission écologie urbaine au sein de la délégation générale au développement urbain, explique Nadia Mabille. Par ailleurs, chaque direction a identifié un correspondant DD, afin de prendre en compte cet enjeu dans l’évolution des métiers et des pratiques quotidiennes. »
Dans cet esprit, Valérie Vacchiani, responsable du service environnement et développement durable d’Echirolles, confirme que sa commune « a besoin de chefs de projets, capables de mener à bien des actions transversales inscrites dans l’Agenda 21, et reposant souvent sur les services de la ville : espaces extérieurs, bâtiments, marchés publics, aménagement urbain, éducation… » « Ces services peuvent avoir besoin d’être accompagnés, afin de s’approprier les nouveaux modes d’action, témoigne-t-elle. Nous intervenons alors pour piloter les actions et leur en confier peu à peu la pérennisation. Notre implication est importante pour crédibiliser la démarche, afin que l’on ne soit pas perçu comme des donneurs de leçons. »
Des animateurs terrainpour sensibiliser agentset habitants. Pour intégrer la HQE à la construction des bâtiments communaux, Valérie Vacchiani a recruté et piloté un nouvel agent chargé d’une mission d’aide à maîtrise d’ouvrage haute qualité environnementale (HQE). Aujourd’hui, il est autonome. Dans le domaine de l’énergie, le service environnement pilote la réalisation d’un plan énergie climat transversal, concernant tous les secteurs de la ville. Il mène les diagnostics énergétiques avec les services, puis, selon leur implication et leur niveau d’autonomie, il intervient plus ou moins en amont, pour la rédaction du cahier des charges. Enfin, un animateur environnement et développement durable est chargé de la sensibilisation des agents et des habitants (visites, conférences, animations ludiques).
Pour mettre en œuvre les plans d’actions, d’autres agents se spécialisent, dans les domaines de l’énergie, la sécurité, l’eau, l’air, les transports, les espaces verts… A La Roche-sur-Yon, Jean-François Bouvet est chargé de la mise en œuvre de la gestion différentiée des espaces verts, une approche qui réduit l’utilisation des produits phytosanitaires ; il gère les espaces de façon plus naturelle, selon les secteurs.
Dans le domaine des transports, Angers Loire Métropole confie à un chargé de mission déplacements l’accompagnement et le soutien des plans de déplacements d’entreprise (PDE) ; son rôle est d’organiser les déplacements liés au travail, en favorisant les moyens de transport alternatifs à la voiture individuelle. Pour décliner son Agenda 21, le conseil général du Nord a saisi l’occasion de la décentralisation pour introduire de nouveaux modes de gestion, dans un projet intitulé « La route durable ». « Elle décline de multiples critères qui réinventent la manière de faire de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre », analyse José Cohen, directeur général adjoint chargé des bâtiments et des routes. « Pour les bâtiments, nous avons renforcé notre cellule énergie en intégrant des économistes de la gestion des flux. » Pour faire face au réchauffement climatique, des actions de sensibilisation sont lancées par les collectivités, pour réduire les consommations d’énergie. Ce qui entraîne des recrutements aussi dans ce secteur.
