CTB - Quelles innovations vous ont marqué en France en 2018 ?
Incontestablement l'essor du BIM, dont la fondation Louis Vuitton (Paris) amorçait les prémices avec une maquette en 3D sur la connexion bois métal, la préfabrication et le Just in time. Depuis, le mouvement s'est accéléré. Le BIM se développe notamment sur des sites très contraints.
Parmi les projets récents ou en cours, je citerais le CHU de Nantes (44), le centre hospitalier d'Ajaccio (20) ou le futur siège de Schneider Electric (Grenoble). D'autres projets intéressants devraient suivre, comme le data center 2020 d'Orange (Val-de-Reuil). Un projet à la pointe de la technologie et innovant en termes de BIM, de réduction de la consommation électrique ou de construction, avec la préfabrication d'éléments imbriqués les uns aux autres.
Mais en France, le BIM est juste recommandé pour ne pas défavoriser les plus petites entreprises même si, dans les faits, il est souvent porté par les majors de la construction. Nous n'avons pas encore le même niveau que la Chine où les grands projets sont subventionnés.
CTB - En parlant d'international, quels projets relevez-vous ?
Le numérique est clairement devenu le point d'accroche des innovations dans tous les secteurs et les métiers.
Le BIM collaboratif en est un exemple clé pour les nouveaux ouvrages dans le secteur du bâtiment. Sur cette thématique du BIM à l'international, il est clair que la Chine s'est clairement lancée dans cette innovation, que ce soit via la reconstruction de la Bourse de Shanghai, l'aéroport Qingdao ou même l'immeuble de bureaux Shenzhu Qianhai. Mais l'exemple le plus notable serait pour moi le planétarium de Shanghai 1, réalisé en BIM niveau 6. On compte encore peu de projets dans le monde aujourd'hui avec un tel niveau de maturité et de collaboration de l'ensemble des acteurs, mais cela progresse rapidement. En ce qui concerne les ouvrages existants, un grand projet marquant pour moi est la modélisation à moindre coût de tous les magasins existants d'une grande chaîne de restaurations aux États-Unis en utilisant des techniques de photogrammétrie et de laser qui devraient se généraliser dans les prochaines années. L'objectif étant ici de mieux gérer les parcs existants.
CTB - Quels sont, selon vous, les freins et les leviers à l'innovation ?
On construit aujourd'hui comme il y a trente ans, c'est un frein. Il est difficile de gagner en productivité et d'innover en fonctionnant ainsi. Or, nous devons changer notre façon de faire et de penser. Nous n'avons, à vrai dire, pas vraiment le choix. Nous sommes aujourd'hui dans un point de rupture avec une urbanisation croissante et des changements climatiques menaçants.
Le BIM est un levier à l'innovation qui permet de répondre aux enjeux actuels. Tout d'abord, parce qu'il permet d'élaborer une stratégie collaborative et le partage de l'information, d'anticiper durant la phase de conception, de réaliser des simulations de plus en plus poussées et précises, de faire du prédictif quant à l'impact économique et écologique ou encore de construire avec une empreinte écologique plus faible en gérant mieux les stocks.
D'autre part, avec les évolutions du BIM, les processus de validation des Atex sont simplifiés via la maquette numérique. C'est là aussi un levier à l'innovation.
