Quelle est la conjoncture de l'industrie cimetière dans l'Hexagone ?
ANTOINE GENDRY. A la fin du mois de mai 1999, nous constations une hausse de la consommation de ciment de 3,5 % en volume. Cette hausse peut paraître modeste. Mais c'est pour nous une excellente nouvelle. De 1974 à 1997, nous nous étions habitués à des baisses régulières. La situation s'est stabilisée en 1998 (+ 1,4 % et, en valeur, 11,09 milliards de francs) et pourrait repartir cette année du fait de la reprise du bâtiment qui se conjugue avec un niveau élevé de l'investissement industriel. Au total, sur l'ensemble de 1999, la progression attendue de la consommation de ciment est de + 3 %. Toutefois, cela représenterait 19,5 millions de tonnes, loin des 34 millions de tonnes de 1990.
Quelles mesures de relance demandez-vous ou envisagez-vous pour rendre cette reprise durable ?
Je souhaite que, dans leurs dépenses, l'Etat et les collectivités locales privilégient l'investissement par rapport au fonctionnement. En tant que président du Sfic, je crois à une reprise durable dans le logement ; le « dispositif Besson » paraissant à même de prendre efficacement la relève du « dispositif Périssol ». Autrement dit, j'espère que l'objectif de 300 000 logements neufs par an sera atteint, voire dépassé. Pour ce qui est de consolider les marchés du ciment et du béton, nous comptons sur nos propres forces et sur les qualités des produits. Cela à travers le Cimbéton (Centre d'information sur le ciment et ses applications) que je préside également. Mais aussi en organisant des partenariats avec les professions qui se situent en aval de la nôtre.
Quelle et votre réaction à l'annonce d'une écotaxe sur l'énergie pour 2001 ?
Le Sfic ne peut que manifester son inquiétude à l'annonce par le gouvernement d'une prochaine écotaxe. D'autant que celle-ci s'appliquera uniquement aux entreprises, alors qu'il est de notoriété publique que ce sont les transports et les particuliers qui sont les deux principales sources possibles de réduction des émissions de gaz carbonique. De plus, l'industrie cimentière n'a pas attendu une nouvelle réglementation pour attaquer sérieusement au problème de la réduction des consommations d'énergie. En effet, l'énergie représente 25 % de nos coûts de production, c'est donc un facteur essentiel que les cimentiers maîtrisent depuis vingt-cinq ans. Au début des années 90, nous avions pris l'engagement de réduire, en dix ans, de 25 % (en valeur absolue) nos émissions de gaz carbonique et de les faire baisser de 10 % par tonne fabriquée. Et nous tenons cet engagement ! Pour l'heure, nous avons demandé à rencontrer les responsables gouvernementaux pour les alerter sur les dangers de cette taxe. D'une part, elle n'aura aucun impact sur l'environnement. D'autre part, cette écotaxe sera contre-productive d'un point de vue économique. En effet, en alourdissant les charges des cimentiers français - qui paient déjà la taxe professionnelle inexistante dans bien des pays d'Europe -, elle rendra, par exemple, plus compétitives les importations en provenance du bassin méditerranéen. Enfin, dans notre profession, le seuil des effectifs payés 1,8 fois le Smic, seuil sous lequel des compensations seraient possibles, ne concerne que 300 personnes sur un total de 5 400 personnes, et il n'y en a que 17 payées 1,2 fois le Smic.