Christian Raisson, ManoMano : « Cette crise accélère la digitalisation du marché »

Fondateur et co-dirigeant de ManoMano, Christian Raisson revient pour Négoce sur la crise en cours et le succès de la marketplace spécialisée en bricolage, jardinage et bâtiment.

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Christian Raisson
Christian Raisson

Comment se comporte votre plate-forme pour les professionnels depuis le début de la crise sanitaire ?

Notre offre pour les artisans a été lancée il y a huit mois, et nous n’avons pas observé de bouleversement sur cette activité : nos ventes s’inscrivent dans ce que nous avions prévu. Or, c’est la partie d’activité sur laquelle nous avions le plus de craintes, du fait des complexités sur les chantiers. Mais beaucoup de petites entreprises ont continué à travailler, et elles constituent le cœur de clientèle de ManoMano Pro. Il est plus facile de travailler tout seul quand on est multimétiers que de reprendre l’activité dans une entreprise moyenne ou grande !

Et pour le grand public ?

Côté b to c, beaucoup de grandes plates-formes et de GSB ont fermé. En bricolage et jardinage, nous avons été l’un des seuls fournisseurs en Europe ! Cette situation s’est traduite par un vrai boom sur ManoMano, en particulier pour la peinture et les revêtements.

La crise sanitaire a-t-elle entravé votre activité ?

Notre préoccupation, dès le 13 mars, a été de sécuriser les opérations auprès de nos salariés. Nous sommes tous confinés chez nous, en télétravail. Dans notre entrepôt près de Paris, de nouvelles règles ont été mises en place, qui ont permis aux salariés de rependre progressivement. Ces règles vont d’ailleurs s’avérer pérennes !

Nous avons aussi pour priorité de sécuriser les opérations de nos 2 800 partenaires marchands. Nous avons effectué auprès d’eux un travail de fond, pour voir comment nous pouvions les aider à maintenir leur activité, en leur envoyant du gel, des masques, des gants… Près de 400 aujourd’hui n’opèrent plus, mais les autres ont pu poursuivre. Ce travail en collaboration nous a permis, malgré les conditions et malgré le pic d’activité, de tenir les volumes.

Le transport vous pose-t-il problème ?

Certains transporteurs n’opèrent plus, d’autres continuent. A ceux-là, nous avons apporté notre aide pour qu’ils trouvent du personnel volontaire pour travailler, en entrepôts comme sur les routes. En nous appuyant sur différents réseaux, nous avons pu rester qualitatifs. Mais les délais de livraison se sont tout de même allongés, d’un jour et demi en moyenne.

Les habitudes de consommation différentes adoptées pendant la crise transformeront-elles durablement le marché ?

L’Asie aujourd’hui se déconfine, mais le retail y souffre encore beaucoup. Les habitudes antérieures n’ont pas été reprises ! En Europe, les grandes enseignes de bricolage ne s’attendent pas à un retour à la normale avant la fin de cette année ou le début d’année prochaine.

Nous avons acquis de nouveaux clients, particuliers comme professionnels. A nous de faire en sorte qu’une fois qu’ils ont goûté à notre offre, ils y reviennent ! Nous avons aussi attiré de nouveaux partenaires marchands. Mais je ne crois ni au tout digital, ni au tout physique. Cet épisode va sans doute seulement accélérer la prise de parts de marché du digital, dans un secteur qui était en retard sur le reste de l’économie. Rapelons qu’AliBaba a émergé en Chine lors de l’épidémie de Sras !

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