Performance énergétique : le tertiaire bute encore sur des freins

Le Plan Bâtiment durable a publié le quatrième rapport de suivi de sa charte tertiaire. S'il confirme des améliorations notables dans la mesure des consommations, les relations difficiles entre bailleurs et locataires et la collecte compliquée des données empêchent la mise en place d’actions efficaces de rénovation énergétique.

Réservé aux abonnés
Immeuble de bureaux
La loi Elan impose aux propriétaires du parc tertiaire de réduire leurs consommations d’énergie de 40% en 2030, de 50% en 2040 et de 60% en 2050.

Cinq ans après le lancement de la charte tertiaire, le Plan Bâtiment durable dresse un bilan encourageant des acteurs engagés dans la rénovation énergétique de leurs bâtiments. L’organisation présidée par Philippe Pelletier a publié un quatrième rapport de suivi de la charte pour l’efficacité énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires publics et privés.

Le rapport d’une vingtaine de pages, conduit par l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) et l’observatoire de l’immobilier durable (OID), met en exergue les initiatives les plus vertueuses, identifie les leviers d’actions efficaces et souligne les difficultés rencontrées par certain propriétaires d’immeubles de bureaux.

Lancée en 2013 à l’initiative du Plan bâtiment durable, la charte tertiaire volontaire engage le propriétaire à améliorer la performance énergétique de son parc, immeuble par immeuble, en travaillant sur la rénovation du bâti, le pilotage des équipements et le comportement des utilisateurs. Les signataires ont pour mission de se fixer des objectifs d’économie d’énergie qu’ils doivent communiquer régulièrement. En 2017, la charte a fait l’objet d’une révision afin de s’adapter au contexte législatif et réglementaire, et de s’ouvrir aux nouveaux enjeux environnementaux (carbone). Depuis son lancement, 129 structures sont signataires de la charte tertiaire.

Des objectifs maintenus

Ce quatrième rapport révèle que les objectifs ont « très peu varié » chez les signataires. « Les objectifs sont encore fixés à 2020 pour la plupart des signataires et ont été maintenus depuis le dernier rapport, indiquent les auteurs. Cependant, ils « seront sans doute réajustés afin de tenir compte de la loi Elan », précisent-ils.

Parmi les signataires de la charte, trois groupes d’acteurs se distinguent : les « expérimentés ». Ces acteurs sont parvenus à atteindre un niveau de maturité dans la mise en œuvre d’une stratégie globale d’efficacité énergétique : « les outils sont en place et les effets mesurés. Ils ont également commencé à mettre en œuvre une stratégie carbone », souligne le rapport.

Les « work in progress » sont plus ou moins en avance sur leurs objectifs. Ces signataires s’inscrivent dans la lignée de la loi Elan et appliquent une « politique globale de gestion qui contribue aux résultats ». « Ces deux premiers groupes de signataires sont proches des objectifs qu’ils s’étaient fixés pour 2020, constate le rapport. « La connaissance des objectifs réglementaires pour 2030 n’a pas encore produit de plan opérationnel, l’horizon étant encore lointain ».

Les « apprenants » sont présentés comme des acteurs « moins avancés sur leurs résultats » mais en « pleine action ». Le rapport témoigne d’efforts réels de leur part pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.

Connaissance fine

Cependant, des difficultés perdurent sur le terrain. La connaissance fine des consommations de son parc reste un point sensible. Malgré une offre de service en progression, seulement 50% des signataires se disent en possession de « l’image énergétique » de leur parc. La mise à disposition des données par les distributeurs d’énergie (Enedis, GrDF), via des systèmes d’API, illustre un « vrai progrès opérationnel », se réjouit le Plan bâtiment durable.

Autre frein : les relations complexes entre les bailleurs et les locataires empêchent d’enclencher des travaux de rénovation énergétique. Certains bailleurs se disent confrontés à des locataires « peu engagés » ou de petite taille pour consacrer suffisamment de ressources à ces sujets. La récupération des données de consommation dans les parties privatives demeure un « combat », indique le rapport, dont les taux de collecte n’excèdent pas 80%. De plus, pour les établissements publics, le coût de l’opération reste une contrainte non négligeable.

Si l’installation des énergies renouvelables progresse à bon rythme, le manque de stabilité du cadre réglementaire (fiscalité de l’autoconsommation) est perçu comme un frein au déploiement, déplorent certains propriétaires.

Enfin, le rapport souligne que si l’enjeu carbone est globalement bien identifié, il reste un sujet difficile à appréhender.

Cette publication intervient peu de temps après la promulgation de la loi Elan qui a confirmé l’obligation d’amélioration énergétique du parc tertiaire. Le parc de bâtiment tertiaire qui représente un tiers des consommations énergétiques finales émet 30% des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment. Le texte impose aux propriétaires de réduire les consommations d’énergie de 40% en 2030, de 50% en 2040 et de 60% en 2050.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !