La norme ISO 14001, créée en 1996, est une norme de certification environnementale internationale qui élabore un cadre permettant d'appliquer des règles liées aux préoccupations environnementales, notamment d'une entreprise. Il s'agit de maîtriser les impacts sur l'environnement en conciliant les exigences de fonctionnement de l'activité économique. « L'objectif de la norme ISO 14001 consiste en une réduction de ses impacts sur l'environnement, mais il s'agit aussi de tendre vers la conformité réglementaire, explique Béatrice Poirier, chef de projet dans le domaine de l'environnement à l'Afnor. Ce qui importe, ce n'est pas le niveau de point de départ de l'entreprise mais l'amélioration de son système et de ses performances, tout en se conformant à la réglementation. »
Des avantages évidents
Parmi les arguments qui militent en faveur de la norme ISO 14001, certains paraissent évidents. Etre certifié en respectant un système qui suppose un réel engagement a des effets économiques. L'état des lieux ainsi réalisé sans concession, notamment en matière d'énergie, permet de découvrir des non-sens comme, par exemple, une consommation d'eau trois fois supérieure à la moyenne de l'activité, en raison d'une fuite d'eau qu'on ne soupçonnait pas. En matière de chauffage, de climatisation, de consommation d'électricité, la démarche permet de faire passer des messages d'intérêt général qui sont adoptés par le personnel. L'avantage de la sécurité est d'édicter des règles simples comme l'obligation ou l'interdiction. En matière d'environnement, l'approche est plus subtile et la norme ISO 14001 constitue un outil de management qui va sensibiliser les effectifs des agences à se préoccuper de mesurer leur consommation de gasoil, de fioul, d'eau.
Parmi les apports de ce système de management environnemental (SME), c'est aussi la possibilité de se mettre en conformité avec la réglementation : « Dans le négoce, on relève d'importants stockages de bois qui sont soumis à des textes réglementaires comme celui des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) ou dont la taille impose des dispositions concrètes dans la lutte contre l'incendie, observe le consultant Jean-François Dasté. Or, de nombreuses entreprises n'ont pas conscience de ces obligations ».
Geste citoyen vis-à-vis de la collectivité, assurance apportée au consommateur d'un engagement durable, la norme ISO 14001 prépare à améliorer l'image de marque de l'entreprise. En effet, en systématisant des mesures environnementales et en pouvant en apporter les preuves tangibles, l'entreprise répond à la demande des acheteurs de plus en plus exigeants. Enfin, certaines assurances sont sensibles à cette certification, ce qui peut se traduire parfois par des baisses de primes.
Les moyens à mettre en œuvre
Ce sont souvent les DRH qui sont en première ligne dans la mise en place de ce système de management environnemental : « En effet, ils peuvent employer cette norme pour sensibiliser le personnel avec la mise en place de formations et de compétences particulières, souligne Jean-François Dasté. C'est le cas, par exemple, sur les procédures à suivre sur les bordereaux pour les déchets dangereux ou dans la méthode de tri sélectif, notamment à l'égard des nouveaux arrivants dans l'entreprise ». Les phases de la certification ISO 14001 sont au nombre de trois. L'audit de la première étape concerne l'analyse des éléments du SME comme l'analyse environnementale, l'analyse réglementaire, un audit interne, une revue de direction, la définition du plan d'audit (interlocuteurs, sites audités.). La deuxième étape est un audit sur le site tandis que la troisième étape doit permettre, après réunion d'un comité d'experts, d'obtenir le certificat pour une validité de trois ans. Chaque année, un audit de suivi annuel est réalisé.
Pour répondre au faible engouement de cette norme, il existe une certification SME par étapes, régie par le référentiel FD X 30-205, qui permet aux entreprises, même de petite taille, d'atteindre des niveaux de performance successifs. Le premier niveau comprend notamment le lancement de la démarche par la direction, l'analyse réglementaire et environnementale préliminaire, la mise en place d'actions prioritaires.
Le niveau 2 établit une politique environnementale, des exigences légales et des engagements sur des aspects environnementaux significatifs sans oublier la mise en place de la maîtrise opérationnelle mais aussi d'une formation et d'une sensibilisation. Le niveau 3 établit les ressources, les rôles, la maîtrise opérationnelle, la communication, la surveillance et le mesurage. Il comprend également l'évaluation de la conformité et de la non-conformité, les actions correctives et les actions préventives ainsi qu'un audit interne. Enfin, il existe, à l'instar de ce qu'a mené le groupe Point. P, le système de management QSE, qui intègre les démarches Qualité, Sécurité et Environnement.
Quel coût et quels écueils ?
Mettre en place le SME n'est pas chose facile. Une entreprise qui se lancerait dans cette démarche et n'aurait pas avancé dans l'année ou au cours des dix-huit mois suivants risquerait de se diriger vers un échec. D'où l'intérêt de la certification par étapes. Il convient donc de bien choisir celui qui pilotera ce projet : « L'entreprise peut embaucher un " M. Environnement " à moins qu'elle ne dégage 30 % du temps du responsable qualité », suggère Béatrice Poirier. C'est aussi ce que pense le consultant Jean-François Dasté qui estime que cette certification « suppose des compétences en interne pour porter et faire vivre cette démarche dans l'entretien du système, en le déployant dans les agences avec des relais, des correspondants sur la base du volontariat ».
Car le tout n'est pas de se lancer dans le SME mais d'en permettre la pérennité, car une fois la certification délivrée, le plus dur reste à faire. Il suffit en effet d'un relâchement de la pression ou du suivi pour que les pratiques ne soient plus aussi rigoureuses. Quant au coût, ce système de management permet, comme le décrit l'Afnor, de « prévenir les incidents et de minimiser leurs impacts grâce aux actions de prévention. Il garantit un retour sur investissement grâce à une meilleure gestion des consommations et des rejets/déchets ». Le coût est souvent celui de la mise à niveau de l'entreprise au regard de la réglementation en vigueur : « Tout dépend de l'entreprise, rappelle Béatrice Poirier. Certains DG, intuitivement, œuvrent en faveur de l'environnement sans le savoir alors que d'autres ne se sont jamais posé la question ».
Comme le confie un professionnel du secteur du négoce du Bâtiment, « les sociétés industrielles ont compris l'enjeu environnemental alors que la distribution est loin d'en avoir pris conscience, ne serait-ce qu'en matière d'émission de CO2. Or, si les entreprises n'y prêtent pas attention, ce volet environnemental va s'abattre rapidement sur elles à la manière d'un tsunami ».