Pour Maxime Lanquetuit, responsable du développement durable chez Altarea Cogedim, société foncière souhaitant certifier tous ses centres commerciaux Breeam In-Use, la force de la certification anglaise réside dans le pragmatisme de sa démarche, qui se focalise sur les résultats et ne s’intéresse pas aux moyens. « Pour être certifié Breeam In-Use, vous devez simplement apporter les preuves de vos performances. L’équipe technique en charge de gérer le centre commercial peut conserver le process d’exploitation déjà mis en œuvre, alors qu’HQE Exploitation impose de le casser afin d’installer le système de management qu’il préconise. » L’attrait pour la certification anglaise s’explique aussi par son rayonnement international. « Quand vous répondez au questionnaire Global real estate sustainability benchmark (Gresb) - classement mondial évaluant la démarche environnementale des sociétés et fonds immobiliers - HQE n’existe pas », précise-t-il. Si, pour ce dernier, le match entre HQE et Breeam est « plié » sur le terrain de l’exploitation des centres commerciaux, sur celui des bureaux rien n’est joué. Filiale du CSTB chargée des certifications HQE pour le tertiaire, Certivéa travaille en effet à une deuxième mouture de sa certification HQE Exploitation, dont la sortie pourrait coïncider avec l’arrivée de la version internationalisée de Breeam In-Use. Directeur général adjoint de Nexity Property Management, Roger-Marc Gaudiot a prévenu ses clients : « Attendez leur sortie avant de lancer la certification de vos opérations. »
Remaniement en cours
Pour ce spécialiste de la gestion et l’optimisation immobilière, si la certification anglaise n’est pas, en l’état, tout à fait adaptée aux standards environnementaux hexagonaux, la certification HQE Exploitation actuelle pâtit de nombreux handicaps dont, en premier lieu, un coût trop élevé. En tenant compte des frais liés à l’assistance à maîtrise d’ouvrage et au bureau d’études, acteurs indispensables pour mettre en place le système de management exigé par Certivéa, la facture dépasse, selon lui, 120 000 euros sur cinq ans, quelle que soit la taille de l’immeuble.
A l’avenir, pour être plus compétitif vis-à-vis des propriétaires d’immeubles souhaitant certifier l’ensemble de leur parc, Certivéa n’auditera plus qu’un échantillon.
Les critiques des opérateurs immobiliers ont également poussé Certivéa à revoir sa manière d’évaluer. « Pour être certifié HQE Exploitation, il faut avant tout prouver la qualité intrinsèque du bâtiment. Cette condition sine qua non limite le nombre d’immeubles potentiellement certifiables », indique Roger-Marc Gaudiot. Afin de lever cette barrière à l’entrée, la nouvelle version HQE Exploitation s’inspirera de la certification anglaise, en évaluant indépendamment le bâtiment, son exploitation et le comportement des utilisateurs.
Président de Certivéa, Patrick Nossent assume l’alignement d’HQE sur Breeam, mais souligne la spécificité de la certification française. « Breeam, c’est une photographie à un instant donné. HQE Exploitation, c’est un film. » Patrick Nossent est persuadé que l’obligation de moyens qu’impose la démarche HQE, jugée aujourd’hui trop lourde par nombre d’acteurs de l’immobilier, sera demain un atout. Pour cela, il faudrait que les acteurs de l’immobilier voient la méthodologie dictée par la certification HQE comme une opportunité pour se conformer à l’obligation de rénovation, exigence qu’un décret devrait (enfin) préciser avant l’été.