L’évènement est de taille dans l’histoire de Saint-Gobain. Sans doute aussi important que le rachat de Poliet il y a un peu moins de dix ans et qui propulsât la compagnie fondée par Colbert dans le monde de la distribution.
En voyant son OPA enfin acceptée par le conseil d’administration de BPB, et si les actionnaires du groupe britannique décident de suivre la même ligne, Saint Gobain va écrire une nouvelle page de son histoire dont le plan semble être composé de trois chapitres.
Tout d’abord, après des années de focalisation sur sa branche distribution qui représente aujourd’hui plus de 42% de son chiffre d’affaires, Saint Gobain va rééquilibrer son portefeuille d’activités au profit de son métier d’industriel, avec le groupe BPB dont le chiffre d’affaires 2004 a été de 2,94 milliards d’euros.
Ceci devrait rassurer actionnaires et analystes de plus en plus critiques quant à une stratégie que certains ont qualifié de « boulimique » concernant la distribution et de « démotivée » pour l’industrie, notamment après les ventes de Terreal et Stradal.
Ensuite, BPB, leader mondial de la plaque de plâtre, va apporter à Saint Gobain, numéro 1 mondial de l’isolation en laine minérale avec Isover, une offre extrêmement complémentaire, notamment en terme de gamme PSE (Polystyrène expansé). A l’heure où le bâtiment n’a jamais autant parlé « d’offres systèmes », ce rapprochement devrait faire naître des solutions packagés tout à fait innovantes et de grandes synergies quant au développement de nouveaux produits.
Enfin, et ce point n’est pas des moindres, l’acquisition de BPB va permettre à Saint Gobain de venir jouer sur les plates bandes de Lafarge, le numéro un mondial des matériaux de construction, à l’heure même où ce dernier apparaît en ordre de bataille pour de nouvelles croissances externes (voir le Moniteur 5318, page 21).
Reste cependant un point d’interrogation sur le futur management de BPB : l’actuel direction composée de Sir Ian Gibson, président et de Richard Cousins, directeur général, sera-t-elle maintenue après avoir défendu becs et ongles les intérêts de leurs actionnaires, ou bien le management de Saint Gobain préfèrera-t-il un homme resté particulièrement discret durant toute la durée de l’OPA : Jean-Pierre Clavel, directeur exécutif du groupe et président de BPB Placo ?
Thierry Devige-Stewart
Chef de la rubrique Industrie – Négoce - Environnement