Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est venu « avec une besace pleine » : une mesure court-terme, une idée de la FFB qui va se concrétiser et un objectif long terme. De quoi provoquer une « standing ovation » de près de 4 000 professionnels aux « 24H du Bâtiment », organisés par la Fédération française du bâtiment (FFB) à Paris Expo le 18 novembre.
Factures énergétiques
Première annonce : « Un guichet unique simplifié » par rapport à l’ancienne version pour aider les TPE-PME à payer leurs factures énergétiques. Celles-ci ont pu passer de « 15 000€ » à « plus de 100 000€ ». Intenable. Fruit d’un travail avec la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), le site internet piloté par la Direction générale des finances publiques (DGFIP) sera opérationnel « dans les prochaines heures », a-t-il promis. « Des centaines voire des milliers de nos entreprises en difficulté » pourront en profiter, s’est félicité Olivier Salleron, président de la FFB.
Coût de construction
Une autre idée de la FFB a été reprise par le gouvernement : « Un observatoire des prix des matériaux avec des membres du gouvernement à l’intérieur pour modérer les marges sur l’ensemble de la filière, pour que la solidarité soit réelle », a expliqué Olivier Salleron. Son lancement est prévu en janvier prochain. Objectif : « Que personne ne fasse des profits sur le dos des plus petites entreprises », a assuré le ministre. La réunion sera annuelle, et pas mensuelle comme souhaité par la FFB.
Rénovation énergétique
Bruno Le Maire a en outre avancé un objectif chiffré ambitieux pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments. « Je propose de multiplier par 4 le nombre d’entreprises RGE d’ici 2028 et accessoirement renforcer la lutte contre la fraude », a-t-il déclaré. La France devra donc passer de 60 000 à 250 000 sociétés « Reconnu Garant de l'Environnement ». Pour rappel, cette mention donne la possibilité aux entreprises de se former aux énergies renouvelables et permet à leurs clients d’obtenir des aides publiques : MaPrimeRénov’, éco-PTZ, CEE, fonds chaleur de l’Ademe…
Taux d’usure
Sur fond de baisse des ventes de logements neufs, il n’est pas question de relever le taux d’usure, qui a déjà augmenté de 2,57% à 3,05% pour les prêts à taux fixe de 20 ans et plus. « Attention, le relèvement du taux d’usure permet de libérer de l’espace pour les longues durées d’endettement (des clients particuliers des promoteurs, NDLR) mais renchérit le coût du crédit pour les ménages modestes (potentiels clients des entreprises de rénovation, NDLR). »
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Statut du bailleur-privé
Parmi les autres sujets, citons le statut de bailleur-privé. Bruno Le Maire s’est dit « prêt à travailler » sur ce statut, « à condition qu’on arrête d’y toucher à chaque changement de majorité ». Sur la question énergétique, le ministre a annoncé que les premiers achats groupés de gaz (auprès de la Norvège par exemple) des pays de l’Union européenne interviendront dans les prochaines semaines. A la clé, des prix moins élevés pour le client final.
Emmanuel Macron prône la simplification
"Je souhaite qu'on aille plus vite dans la rénovation des bâtiments publics, en particulier il y a une initiative que je veux qu'on lance dans les prochains mois (...) c'est la rénovation de nos écoles", a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien vidéo pré-enregistré avec Olivier Salleron. "On a besoin d'accompagner nos communes (...) pour les aider à mener à bien la rénovation thermique de nos écoles. Aujourd'hui beaucoup de nos écoles ne sont pas aux dernières normes, elles dépensent beaucoup d'énergie, on pourra améliorer les conditions pour nos enseignants et pour les enfants", a déclaré le chef de l’État.
Il a rappelé qu'il y aurait aussi "30 millions de logements à rénover en 30 ans" pour le secteur du bâtiment.
Interpellé par le président de la FFB sur la crise du logement neuf et la frilosité des maires à délivrer de nouveaux permis de construire, M. Macron a reconnu que "trop de collectivités territoriales bloquaient les permis, avaient un doute sur le logement". "On doit continuer à convaincre les élus de donner les permis, on va regarder les réformes institutionnelles qu'il faut faire, on a mis en œuvre des dispositifs fiscaux pour accompagner les maires qui bâtissaient, on va pérenniser cela", a-t-il souligné. Emmanuel Macron a également plaidé pour une simplification des procédures et une poursuite de la modernisation du secteur afin "d'industrialiser" la production de logements.