Bouygues : le temps des transitions

L'annonce d'un changement de gouvernance lors de la présentation des résultats annuels a quelque peu éclipsé celle de la chute du bénéfice net du groupe de plus de 40% et la promesse d'un avenir plus souriant soutenue par des carnets de commandes bien remplis.

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Martin Bouygues va quitter ses fonctions de directeur général de son groupe.

L’annonce principale de la conférence de présentation des résultats annuels publiés ce 18 février au matin par Bouygues ne figurait peut-être pas dans le bilan financier : Martin Bouygues, 68 ans, a annoncé qu'il quittait la direction générale du groupe, dont il restera tout de même président non exécutif (voir encadré).

Mais cette annonce a peut-être eu le mérite d'éclipser un peu des résultats 2020, sans surprise, en berne. Si le chiffre d’affaires n’est en baisse « que » de 9%, à 37,4 milliards d’euros, le résultat net part du groupe, lui, chute de plus de 40% : il atteint 696 millions d’euros en 2020, contre 1 184 millions d’euros en 2019.

Martin Bouygues fait un nouveau pas dans la préparation de sa succession

 

Martin Bouygues a annoncé qu'il laissait les rênes du groupe à son directeur général délégué, Olivier Roussat, son bras droit de longue date, lui-même remplacé par un binôme constitué d’Edward Bouygues, directeur de la stratégie du groupe, et de Pascal Grangé, 59 ans, directeur général adjoint et directeur financier.

La formation du fils aîné de Martin Bouygues, 36 ans, entré dans le groupe en 2009 – dans la branche construction, puis Télécoms - à la fin de ses études, se poursuit donc sans heurt.

La passation de pouvoir, planifiée depuis longtemps est très progressive.

« L’entreprise est une aventure humaine, a expliqué Martin Bouygues, Bouygues a eu deux présidents en 70 ans (Francis, son père, et lui-même qui lui a succédé il y a 32 ans, ndlr) : la continuité du management a été importante pour que les valeurs créées par Francis Bouygues en 1952 se développent et s’expriment. La nouvelle équipe devra les prendre telles qu’elles sont, les partager, les moderniser et les adapter aux besoins de la société actuelle. C’est ça, le vrai défi, mais je suis tout à fait tranquille sur ce point, il n’y a aucun différent à ce sujet avec Olivier Roussat ».

 

Des commandes malgré la crise sanitaire

La situation sanitaire, a évidemment impacté l’activité du groupe tout entier. Le chiffre d’affaires de la branche construction s’est s’établi à 26,2 milliards d’euros en 2020, en repli de 11% par rapport à 2019. La France (-15%) a plus souffert que l’international (-8%), en raison d’un confinement plus strict qu’ailleurs au printemps dernier.

Si le résultat opérationnel courant s’est effondré de plus de 50%, la branche construction a cependant réussi à maintenir son carnet de commandes à un niveau très élevé (plus de 33 milliards d’euros, pour la troisième année consécutive).

Bouygues construction s’est rattrapé au 4e trimestre (+5% de commandes), avec, entre autres, deux contrats significatifs à Bagneux (85 millions d’euros) et à Champs sur Marne (88 millions d’euros).

L’activité de la branche Immobilier en revanche a été, selon Olivier Roussat, ralentie non seulement par la pandémie mais aussi par l’année électorale, puisque les nouvelles équipes municipales ne prennent que lentement leurs marques : « On a du foncier, on a des clients, mais entre les deux, on a du mal à obtenir des permis de construire des municipalités. Mais ce sont des choses qui vont évoluer favorablement », a assuré le nouveau directeur général du groupe, annonçant tout de même une baisse de 11% du carnet de commandes.

La sortie de crise en vue ?

A l’international, Bouygues construction augmente son carnet de commandes de 4% : là encore, le 4e trimestre a sauvé la mise avec l’obtention de plusieurs appels d’offres de grande ampleur, comme la construction du tunnel de Pawtucket aux États-Unis pour 256 millions d’euros et du Centre de services des Autorités de Santé de Hong Kong pour 202 millions d’euros.

Quant au carnet de commandes de Colas, il est stable sur la période. Il intègre, au quatrième trimestre 2020, le contrat d’extension de la ligne de métro léger à Edmonton au Canada pour environ 500 millions d’euros.

« Les activités construction du groupe sont redevenues largement profitables au deuxième semestre, a affirmé Martin Bouygues, qui prévoit « une sortie de crise dans les mois à venir », et s’est félicité de l’agilité, la résilience, le sens de la responsabilité et la faculté d’adaptation du groupe.

Il a assuré que le chiffre d’affaires du groupe de 2021 serait « bien supérieur à 2020 » et celui de 2022 « égal ou légèrement supérieur à 2019 ». Si le choc n’a pas fait vaciller les fondations de Bouygues, il faudra tout de même deux années pour réparer les dégâts de la tempête Covid.

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