Un marché à ne pas laisser passer. Tel semble être l'expression adéquate, en particulier en ces temps de crise, pour qualifier le programme nucléaire britannique des quinze prochaines années. Le gouvernement de Gordon Brown entend en effet qu'une dizaine d'unités de nouvelle génération soit construite d'ici à 2025 en Grande-Bretagne, représentant quelque 44 milliards d'euros d'investissement. Au niveau des opérateurs, si les électriciens allemands E-ON et RWE sont également dans la course, EDF semble avoir une longueur d'avance. Depuis le rachat de British Energy, le géant français de l'énergie possède en effet 5 des 11 terrains présélectionnés en avril par le gouvernement britannique et compte construire quatre centrales. Bien entendu, Vinci et Bouygues sont dans les "starting-blocks" pour réaliser la partie génie civil de ces futures unités.
Si les autorités britanniques n'accorderont qu'en 2011 l'autorisation finale de construction des centrales ("full licence"), comportant notamment la validation du choix du réacteur et du site, EDF semble vouloir aller au plus vite. Une attitude destinée à séduire le gouvernement, désireux de voir les projets avancer rapidement. La construction de la dernière centrale, celle de Sizewell B, avait en effet pris 12 ans ! Le groupe hexagonal a ainsi déjà annoncé vouloir construire une première unité sur le terrain de Hinkley Point entre 2013 et 2017, puis une seconde à Sizewel, et a dès à présent opté pour la technologie EPR d'Areva. Pour faire bonne mesure, EDF s'est donc mis en quête d'un constructeur, faisant parvenir en avril à des groupes de BTP potentiellement intéressés des questionnaires de préqualification. "Il s'agit de l'étape précédant les appels d'offres de génie civil, dont la date de lancement n'est pas encore fixée", indique-t-on chez EDF. L'électricien souhaiterait en fait débuter très rapidement des travaux de génie civil préliminaires sur les sites de Hinkley Point et Sizewel, et cela avant même que les autorités britanniques aient délivré la "full licence". C'est en tout cas ce qu'affirme un récent article du "Times", citant un document interne à EDF qui planifie la "réalisation d'une série de travaux préparatoires avant 2013", date où le chantier proprement dit démarrera.
Contacté par le Bulletin européen du Moniteur, EDF se contente d'indiquer qu'à Hinkley Point, les questionnaires de préqualification portent sur un premier marché de "travaux de génie civil préliminaires d'au moins 100 millions de £" et un second de "génie civil principal représentant plusieurs centaines de millions de £".
En France, Vinci et Bouygues se sont clairement positionnés sur ces premiers contrats. Le premier a noué dès décembre 2008 une association avec le constructeur anglais Balfour Beatty. Vinci a indiqué au BEM que ce consortium sera à coup sûr candidat pour ces premiers marchés. Bouygues, qui n'a jamais caché que le nucléaire était une priorité de son groupe, a lui fait alliance avec un autre groupe de BTP anglais, Laing O'Rourke. Il devrait aussi candidater.
Plus d'informations sur le BTP en Europe avec Le Bulletin européen du Moniteur
Plus d'information sur le programme britannique de construction de centrales nucléaires (en anglais)