Qu'est-ce que la crise sanitaire a dévoilé de l'infrastructure du CHU ?
Elle a d'abord révélé sa solidité : ses structures se sont bien adaptées à la situation. Le 24 janvier, en traitant le premier cas français, nous avons pu organiser tout le CHU avec un temps d'avance. Notre hôpital de type pavillonnaire présente certes des inconvénients, mais aussi des avantages en cas d'épidémie. Nous avons pu facilement dédier des espaces à l'accueil séparé des patients Covid et créer un « drive » de dépistage, les urgences bénéficiant d'entrées distinctes.
Nos services de réanimation ont pu se développer dans les locaux actuels. Il reste néanmoins des fragilités : le CHU est ancien, assez vétuste, et il est difficile de créer des circuits de soins dédiés dans le Tripode, sur le site de Pellegrin.
Est-ce pour cette raison que vous avez évoqué, dès votre arrivée, un plan de travaux d'urgence ?
Même si, mi-juin, le magazine américain « Newsweek » a classé le CHU de Bordeaux parmi les meilleurs du monde, son taux de vétusté est l'un des plus importants de France. L'un des trois pôles principaux, l'hôpital Saint-André, est à l'origine un hôtel-Dieu fondé au XIVe siècle, et plusieurs bâtiments datent des années 1970 et 1980. Avec les chefs de pôles et nos ingénieurs, nous avons recensé les travaux à effectuer rapidement. Ceux-ci ont démarré en janvier dernier sur différents sites. Le chantier de l'hôpital pédiatrique sur celui de Pellegrin (lire « Le Moniteur » n° 6076 p. 55 et sur lemoniteur.fr) , arrêté durant deux mois, a repris le 18 mai. Sont aussi prévues la restructuration des urgences ainsi que la modernisation de tous les plateaux techniques et salles de naissance.
A Haut-Lévêque (groupe hospitalier Sud), nous allons créer des lits de pédiatrie et une salle hybride imagerie et chirurgie. Et nous poursuivons la modernisation de l'imagerie. Au total, le plan de travaux d'urgence représente environ 200 M€.
Quels sont les investissements prévus à plus long terme ?
Le schéma directeur immobilier 2020-2030 du CHU de Bordeaux, estimé à 580 M€, prévoit de passer de trois établissements principaux à deux qui fonctionneraient 24 heures sur 24, plus un établissement ambulatoire et de santé publique sur le site de Saint-André. Suite au Ségur de la santé, nos tutelles nous indiqueront les priorités et comment seront choisis les projets.
Je souhaite garder un hôpital de centre-ville, développer l'Ehpad de Lormont ainsi que les sites de Pellegrin et de Haut-Lévêque. Sur ce dernier, nous allons notamment reconstruire un grand centre cardiologique de 30 000 m2.
A Pellegrin, nous rationaliserons le fonctionnement du site, un peu daté. Nous avons notamment un gros projet à la place d'anciens bâtiments que l'université doit nous céder. Nous allons y rebâtir des urgences adultes, des blocs opératoires, des salles hybrides et un bâtiment médico-technique de 40 000 m2 . Nous pourrons également redistribuer les 90 ha des hôpitaux Sud, secteur où se concentre l'afflux des nouveaux arrivants de la métropole. La rénovation de Haut-Lévêque représente, à elle seule, au moins 100 millions d'euros d'investissements.