On aurait presque attendu que Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat en charge de l’Environnement dans le gouvernement de François Fillon, pénètre dans la salle d’audition du Sénat, où Dominique Estrosi-Sassone (LR) et Guillaume Gontard (EELV) auditionnaient la Capeb, la FFB et le CSCEE dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur la rénovation énergétique. Les échanges semblaient en effet devoir aboutir au Grenelle de l’environnement, de 2008. On y a ainsi défendu le crédit d’impôt, comme on le promouvait il y a quinze ans, face aux désillusions récentes de MaPrimeRénov’. Capeb et FFB ont aussi défendu la rénovation geste par geste, mais surtout les financements afférents. Sans remettre en cause la pertinence de la rénovation globale, les deux structures, à l’unisson, ont souligné combien il était difficile d’intervenir dans un logement occupé pour une rénovation globale, pour mieux souligner la pertinence du monogeste. « En rénovation, on isole surtout par l’extérieur », a pourtant rappelé Eric Durand, directeur technique de la FFB. Mais c’était en réponse à une question d’une sénatrice sur le bâti ancien, et non un bémol aux impossibilités mises en avant pour limiter l’intérêt de la rénovation globale.
Banques et modèle économique
Autre cible, les banques. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a souligné qu’il étaitplus facile d’obtenir un crédit automobile qu’un prêt pour rénover énergétiquement son logement, alors même que la voiture perd 30 % de sa valeur dès sa sortie de la concession automobile quand le logement rénové prend de la valeur. L’Etat avait pourtant créé il y a quinze ans l’éco-prêt à taux zéro, que les banques, faute d’y être contraintes, n’ont jamais distribué de façon significative.
Christophe Caresche, président du CSCEE, a souligné qu’il y avait 20 millions de logements à rénover (on en comptait 30 millions au moment du Grenelle), et appelé à trouver un modèle économique. Laissant le goût étrange de quinze années perdues, comme s’il ne s’était rien passé depuis 2008.
Enfin, tous ont appelé au changement. Harmonisation des CEE et de MaPrimeRénov’, stabilité des dispositifs, soutien au RGE (en soutenant les contrôles a posteriori pour les artisans non RGE, pour Jean-Christophe Repon, redonnant vie au RGE chantier par chantier), appel à la simplification : le temps passe, les revendications demeurent.