Jean-Pierre Raffarin a invité les artisans à participer à son projet de créer 500000 emplois en cinq ans dans un secteur qui, dans un contexte économique morose, reste à ses yeux "le moteur de l'emploi".
Approuvant les orientations du gouvernement, les membres de l'Union professionnelle artisanale (UPA, patronat), réunis en congrès à Paris, ont réclamé davantage d'efforts en matière de formation.
"Je vous propose qu'ensemble, nous bâtissions un contrat d'objectifs, un contrat pour la législature pour 500000 emplois", a déclaré le Premier ministre.
M. Raffarin réaffirmait ainsi l'objectif affiché par son gouvernement lors du lancement, le 7 octobre dernier, de son plan pour la création et la transmission d'entreprises, qui prévoit notamment des incitations fiscales et en faveur des créateurs et repreneurs d'entreprises et des investisseurs locaux, ainsi qu'une simplification des procédures administratives. Traduction d'une promesse du candidat Chirac, ce projet de loi, qui sera présenté d'ici décembre en conseil des ministres, intégrera "un grand nombre des 55 propositions" faites par l'UPA en la matière, a promis M. Raffarin. En échange, le gouvernement s'engage à aider les artisans et plus généralement les PME en proposant, en 2003, trois textes en leur faveur. Ainsi, a annoncé M. Raffarin, une "ordonnance sur la simplification administrative" est actuellement en préparation.
Le gouvernement proposera également un texte sur le statut du travailleur indépendant, qui devrait permettre au conjoint - le plus souvent la conjointe - de bénéficier d'une meilleure protection sociale et de voir ses droits garantis en cas de divorce, veuvage ou au départ en retraite. Flattant les "structures à taille humaine" de l'artisanat, symbole selon lui d'une économie "humaniste", par opposition à l'économie "du gigantisme" où le salarié "perd ses repères", M. Raffarin souhaité que les artisans, de par leur travail de proximité, prennent "toute leur part" dans la démarche de décentralisation initiée par le gouvernement. Il a également réaffirmé que son gouvernement poursuivrait sa politique de baisse d'impôts et de charges. "C'est dans cette direction qu'il faut aller", a-t-il dit. Le président de l'UPA, Robert Buguet, a salué les mesures gouvernementales en faveur d'un secteur "qui en l'espace de 15 ans est passé de 2 à 3 millions d'actifs, et qui dans les dix années à venir va devoir créer plus d'un million d'emplois supplémentaires", notamment dans les secteur du bâtiment, de la production, des services et de l'alimentation.
M. Buguet a également délivré un satisfecit aux allègements de cotisations sociales et au projet d'harmonisation du Smic décidé par le gouvernement. Il a cependant pointé des insuffisances, en indiquant que l'UPA continuait de militer pour la généralisation du taux de TVA à 5,5%, déjà appliquée dans le bâtiment, "à toutes les activités de main d'oeuvre", et pour des mesures permettant aux artisans d'accéder plus facilement à des financements. Mais M. Buguet a surtout invité M. Raffarin à "lancer les états-généraux de la formation professionnelle" pour répondre en toute urgence au phénomène de "papy-boom" qui se profile dans l'artisanat. "D'ici 2005, 850000 personnes qualifiées partiront chaque année à la retraite alors qu'à peine 650000 jeunes peu formés entreront sur le marché du travail", a-t-il expliqué.
Matignon a indiqué à ce sujet que le gouvernement allait simplifier le financement et l'organisation de la formation, en l'alignant sur le régime du commerce, ce qui se traduira par "une baisse" des cotisations pour les artisans.