Actuellement fixée à 100f/L, la valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) pour l'amiante fait courir un excès de risque pour un travailleur de 3,3.10-3 (3,3 cas de cancers supplémentaires pour 1000 travailleurs exposés) qui ne peut être considéré comme acceptable. C'est ce que révèle l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) dans son rapport publié le 15 septembre.
Dans un premier temps et sans plus attendre, elle propose d'abaisser cette valeur à 10f/L, en moyenne sur 8 heures, et de rejoindre ainsi le groupe des pays les plus avancés en matière de protection des travailleurs. Cela représente une diminution du risque d'un facteur 10.
Cependant, pour ce puissant cancérogène sans seuil (1) de toxicité, seule la valeur la plus basse possible est acceptable (principe « ALARA » (2)). L'Afsset demande donc au ministère chargé du travail de réévaluer cette valeur régulièrement, afin de l'abaisser. Dans l'attente, elle rappelle aux employeurs la nécessité de limiter les expositions des travailleurs au strict nécessaire. Elle préconise ainsi de ne pas dépasser, sur une période de 15 minutes, une concentration égale à 5 fois la valeur sur 8 h (VLEP-8h), afin de protéger les salariés des effets d'éventuels pics d'exposition.
2 millions de personnes potentiellement exposées
Depuis l'interdiction d'utilisation de l'amiante en France en 1997, les professionnels exposés à l'amiante sont principalement ceux qui pratiquent les activités de retrait d'amiante (déflocage et décalorifugeage), soit 107 000 personnes (enquête Sumer de 2003). Mais les personnes potentiellement exposées à l'amiante, même ponctuellement, dans les activités d'entretien ou de maintenance de matériaux amiantés sont beaucoup plus nombreuses, jusqu'à 2 millions de personnes (INRS, 2007).
L'Afsset recommande également de passer de la microscopie optique à la microscopie électronique (META) pour comptabiliser les fibres d'amiante dans le cadre de la réglementation du travail. Cela permettra d'inclure les fibres fines d'amiantes. Ces fibres, au pouvoir cancérogène avéré, n'étaient traditionnellement pas comptabilisées en microscopie optique. Elles représentent jusqu'à 20% des nuages d'amiante.
Cette nouvelle étude de l'Afsset complète un rapport de février 2009 (3) sur la réévaluation de la toxicologie et la métrologie des fibres fines et des fibres courtes d'amiante. Ce rapport avait mis en exergue la nécessité de prendre en compte dans la réglementation ces deux classes granulométriques particulières d'amiante, du fait de leur impact sanitaire potentiel, alors qu'ils ne l'étaient pas suffisamment jusque là.
(1) En l'état actuel des données disponibles, aucun seuil d'effet sanitaire ne peut être déterminé chez l'homme.,
(2) As Low As Reasonably Achievable
(3) Les fibres courtes et les fibres fines d'amiante, Prise en compte du critère dimensionnel pour la caractérisation des risques sanitaires,Réévaluation des données toxicologiques, métrologiques, avis et rapport d'expertise (février 2009).
Pour en savoir plus : www.afsset.fr