Que se passe-t-il sur le marché du polystyrène ?
Suite à la crise du Covid l’an dernier, l’Asie redémarre économiquement. Par ailleurs, le principal producteur européen de monomère styrène connaît un accident de production majeur, et s’est arrêté depuis février. S’ajoute à cela le fait que la production américaine n’est qu’à un tiers de ses capacités, suite à la vague de froid qui s’est abattue sur le Texas. Enfin, nous arrivons à la période de reprise pour les travaux d’ITE, en sortie d’hiver. La demande reprend sa saisonnalité habituelle. Et nous subissons une inflation inédite, suite à ces différentes déclarations de cas de force majeure. Entre octobre 2020 et février 2021, les prix ont monté de près de 50 %. Et le mois dernier, le prix a encore grimpé de 48 % - soit un doublement en six mois. Et malheureusement, ce n’est pas fini !
Vous craignez donc une hausse durable ?
Le retour à l’équilibre pour les capacités de production devrait se faire à l’horizon du mois de juin. Mais on a devant nous trois mois de difficultés, renforcées par le fait qu’un autre producteur européen annonce une maintenance industrielle prochaine. C’est donc un plateau, et non un pic qui s’annonce. D’autant que le monomère styrène, pour des raisons réglementaires notamment, se stocke peu.
Répercutez-vous la hausse des prix sur vos clients négociants, et craignez-vous la pénurie ?
Aujourd’hui, la préoccupation numéro 1, c’est l’inflation. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour livrer le marché, mais aucun acteur de la filière n’est capable d’absorber seul de telles hausses. Elles sont nécessairement répercutées, en partie du moins. Mais nous pourrions malgré tout arriver en situation de pénurie, car les fabricants de billes n’ont pas tous intégré la production de monomère styrène, et certains ont préféré réduire leurs volumes.
Cela pourrait-il profiter à d’autres isolants, qui ne subiraient pas de telles hausses ?
De nombreux isolants connaissent une situation identique, et globalement une grande majorité des matériaux souffre actuellement. Pour les moins touchés, il n’est pas certain que les industriels aient les capacités de production pour prendre le relais des volumes de PSE !
Redoutez-vous des conséquences sur les chantiers, en termes économiques ?
Nous demandons, à l’instar de la filière, des souplesses dans l’application des clauses de révision des prix, notamment dans les marchés publics, pour ne pas que les entreprises se retrouvent coincées. Quant aux chantiers des particuliers, ces hausses risquent de remettre en cause l’intérêt économique de la rénovation énergétique, les aides étant assises sur des prix forfaitaires par mètre carré. Avec un coût du chantier plus important, le retour sur investissement s’éloigne…
Cette hausse brutale des matières premières renforce-t-elle l’intérêt que votre filière porte au PSE recyclé ?
La volonté de structurer la filière recyclage est là, la démarche est lancée. Ce n’est pas cette inflation temporaire qui transformera notre motivation : la filière est déjà convaincue et engagée !