En 2023, pour s’adapter à la « permacrise »[crises permanentes qui s’enchainent], l’industriel du béton préfabriqué repositionnait son activité pour moins dépendre du bâtiment, dont la reprise n’arrivera pas avant 2025, selon Xavier Janin, président d’Alkern. Ainsi depuis 2018, le groupe a fait évoluer la proportion de son chiffre d’affaires de 48% sur le bâtiment, 25% pour le TP et 20% sur l’amex à 35% sur le TP, 33% pour le bâtiment et 27% pour l’amex en 2024. La stratégie du plus gros producteur français de pavé, de bloc et de bordure passe par l’acquisition de PME et ETI en quête de repreneurs.
Le marché en 2023 a mis les acteurs en difficulté à cause de « l’inflation du coût des matières premières, des taux élevés et de l’arrêt des aides de l’Etat », selon Xavier Janin. Il a vu le tonnage d’Alkern chuter de 22%, l’activité TP baisser de 5%, alors que l’aménagement extérieur augmentait de 5%. Cette légère baisse dans les travaux publics n’exclut pas « les besoins fondamentaux en réseaux et en infrastructures » qui ont assuré à Alkern une certaine activité. Le groupe a aussi pu consolider son implantation dans le nord-est et en Normandie. Il compte désormais 57 usines, dont 2 en Belgique. Quant à l’amex, Alkern progresse sur le drainage des sols. Les ventes de ses solutions augmentent de 34% par an, depuis 2020. Une progression que Xavier Janin évalue supérieure au marché.
Si le président du groupe ne s’attend pas à une reprise immédiate, il prévoit en revanche une baisse des taux d’intérêt de la BCE en juin qui pourrait au moins relancer le secteur de la maison individuelle, au plus bas en ce moment avec seulement 50 000 maisons par an. A titre de comparaison, la maison individuelle émargeait à 150 000 en 2021.
Alkern veut également poursuivre sa décarbonation. Si l’industriel cherche encore à rendre son clinker moins polluant dans le béton, il parvient surtout à diminuer la proportion de béton dans ses produits, grâce notamment aux murs en blocs collés, qui permettent de laisser beaucoup de vide dans le bloc. Par rapport à un mur banché, Alkern revendique l’économie de 78% d’émissions de carbone et garantit un fonctionnement jusque 8 étages. Par ailleurs, ses granulats proviennent à 76% de déchets minéraux recyclés aujourd’hui et le groupe vise les 90% d’ici 2030.
En 2024, Alkern lance trois innovations. Un pavé signature, déjà écoulé à plus de 11 km² depuis janvier. Une borne de recharge E-Massif, version re-source, plutôt pour le centre-ville, de 22 kW et installable en un jour. Alkern évalue le besoin du marché à 100 000 bornes par an. Enfin, Natur R1 sera commercialisé en juin : un bloc béton de granulats courants avec insert en fibres de bois. Le produit embarque du biosourcé en coffrant du carbone, tout en gardant la performance et la pose d’une béton classique. FDES : 12,8 kg Co eq/m². ACV dynamique : 10,3 kg Co eq/m².