De son témoignage en ouverture des journaux télévisés de 20 heures, avant l'intervention de Lionel Jospin, on se rappelle sa pugnacité et sa dignité dans l'adversité. Le 12 décembre 2000 exactement, Alain Le Roux, 54 ans, négociant spécialiste en sanitaire, chauffage et carrelage, voit disparaître, pour trois mois, son entreprise sous les eaux tumultueuses de l'Odet, à Quimper (Finistère). Si l'entreprise « barbotte » sous 1,80 m d'eau, son P-DG, en bon marin, ne se décourage pas : il se bat. Et, moins d'un an plus tard, il s'apprête à regagner le grand large des affaires.
Retour en arrière. Dès janvier 2001, alors que les bâtiments sont encore sous l'eau, Alain Le Roux tire les conséquences d'un sinistre de 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) qui aurait pu sonner le glas de la société, créée par son père à la fin des années 1930. C'est sûr, il rouvrira... « sur une hauteur ! » - les discussions s'achèvent avec les collectivités locales soucieuses de conserver cette entreprise avec ses emplois sur le territoire de la communauté d'agglomération quimpéroise - et, surtout, il reconstruira en se développant, en se modernisant : il peaufine la réorganisation de fond en comble de son entreprise pour mieux gérer les commandes et les approvisionnements.
Dans quelques semaines, il lancera un concours sur esquisse - « je recherche une image forte, représentative de l'entreprise » - pour un projet de 20 000 m2, qui comprendra un entrepôt attendu en 2003, un magasin professionnel et un showroom en 2004. Investissement : 4,6 millions d'euros (30,17 millions de francs). De quoi alimenter ses onze agences (Finistère, Côtes-d'Armor et Morbihan) et garantir un service haut de gamme à ses 1 500 clients.
« Notre philosophie professionnelle nous entraîne à fixer la barre la plus haute possible pour être considérés comme le spécialiste du sanitaire, du chauffage et du carrelage, par nos partenaires, professionnels - l'entreprise y a gagné son surnom de "Boîte à raccords" tant le stock est important et varié - ou particuliers », explique Alain Le Roux. Au fil des années, soucieux de moderniser l'image d'un BTP vieillissant, il a su devancer ses concurrents et anticiper les demandes de la clientèle sur la base d'une politique de services, de conseils et d'innovations.
Ainsi, avec le Vision Bain : « Ce logiciel informatique développé en interne permet de générer en trois dimensions une image des projets de sanitaires sur la base du seul descriptif », s'enorgueillit ce battant.
Et même dans ses moments de détente dans l'archipel de Glénan ou au golf de l'Odet, ce Breton de convictions continue toujours d'imaginer quelque innovation à mettre au service de ses clients.
Un parcours bretonnant
1972 : diplômé de sciences économiques (Nantes) et de l'ESC Angers.
1974 : reprise du secteur sanitaire et chauffage Sud-Finistère de l'entreprise paternelle.
1985 : ouverture au carrelage.
1998 : rachat de l'entreprise de son frère Michel (sanitaire et chauffage Nord-Finistère).
2000 : chiffre d'affaires de 17,5 millions d'euros, 95 salariés.
