« Les chiffres sont calamiteux. » Présent à Marseille, ce 25 octobre, à l’occasion de l’inauguration des locaux dans lesquels sont installées depuis près d’un an les équipes de la délégation régionale d’Action Logement Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et Corse, Bruno Arcadipane, président du groupe paritaire, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer la panne de la production en Paca, touchée par une crise conjoncturelle mais aussi structurelle.
Demande insatisfaite
Commençons par la situation à Marseille. Alors que le nombre de logements autorisés était de plus de 5 100 par an entre 2017 et 2018, il est tombé à 4 100 en 2022, soit une baisse de 25%. Et le nombre d’agréments de logements sociaux - de 880 par an ces deux dernières années - ne permet pas non plus de répondre à la demande en forte progression : 90 000 personnes inscrites dans le Système national d’enregistrement (SNE) des Bouches-du-Rhône et 18 000 demandes actives enregistrées sur la plateforme Al’in à l’échelle de la métropole Aix-Marseille-Provence.
Sur ce dernier territoire, on observe également une baisse des autorisations de construire (-25%, soit 2 046 logements produits en 2022). « Cette situation conduit à des déflagrations innombrables : pour les entreprises qui peinent à recruter, pour les salariés freinés dans leur mobilité résidentielle, et enfin, pour les bailleurs sociaux et pour les entreprises de construction, qui ne produisent pas», a-t-il pointé.
« Nous avons les moyens financiers »
Face à cette pénurie d’offre, devant l’assemblée de près de 200 personnes, Bruno Arcadipane a donc appelé à la mobilisation générale des élus et des acteurs du logement pour produire une offre nouvelle et réhabiliter en même temps.
« Le groupe Action logement, c’est 5 000 salariés et un bilan de 100Mds€. La Peec (Participation de l’employeur à l’effort de construction, NDLR) versée par les entreprises pèse 1,8Md€ par an au niveau national. Et si on rajoute le retour de prêts, cela représente une ressource annuelle globale de plus de 3Mds€ exclusivement destinée au logement abordable. Nous avons les moyens financiers et sommes prêts à aider. Maintenant, il faut nous donner le terreau pour avancer. Il revient aux élus locaux de nous l’apporter sous forme de foncier et de permis de construire signés », a-t-il rappelé.
Le PLH métropolitain bientôt approuvé
Preuve de la mobilisation du groupe : le déplacement à Marseille de Philippe Lengrand et de Nadia Bouyer, respectivement vice-président et directrice générale d’Action logement groupe, mais aussi d’Olivier Rico, directeur d’Action Logement Services, de Catherine Vautrin, présidente de l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) et de Annde-Claire Mialot, sa directrice générale.
Message entendu par Patrick Amico, adjoint au maire de Marseille chargé de la politique du logement, qui prépare la signature d’un contrat de mixité sociale avec l’Etat, et par David Ytier, vice-président à la métropole Aix-Marseille-Provence délégué au logement, à l’habitat, à la lutte contre l’habitat indigne. Ce dernier, soulignant la situation particulière de Marseille qui « cumule tous les maux, de l’habitat indigne aux copropriétés dégradées », a rappelé la volonté de faire. En témoigne le programme local de l’habitat (PLH) d’Aix-Marseille-Provence bientôt approuvé par le préfet.
100 000 propositions de logements neufs
En Paca, la déflagration risque d’être particulièrement violente pour les bailleurs sociaux dont 79% de la production a été achetée en Vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) en 2022. Raison de plus de soutenir les promoteurs qui peinent à vendre leurs programmes en phase de pré-commercialisation. Comme le font CDC Habitat, qui a commandé plus de 10 000 logements sur les 17 000 acquisitions annoncées, et Action Logement, qui a reçu des demandes pour 100 000 logements suite à son appel à manifestation d’intérêt (AMI) national.
« La vraie question n’est pas dans le nombre. Avec notre AMI, nous allons amortir le choc absolument incroyable subi par les promoteurs. Ce qui nous intéresse, c’est leur rebond. Il faut trouver aujourd’hui un produit pour que les promoteurs puissent créer suffisamment de trésorerie sur les opérations pour demain, réinvestir des fonds propres et repartir sur un autre produit », a conclu le président d’Action Logement.