" ACCOMPAGNER LES MUTATIONS EXIGÉES PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE "

RODOLPHE DEBORRE, DIRECTEUR INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT DURABLE RABOT DUTILLEUL -

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Quelles sont pour vous les innovations les plus importantes en 2018 en France ?

Pour moi, l'innovation, ce n'est plus le produit, mais un ensemble de solutions et de bonnes pratiques. Et, en 2018, il n'y a pas de meilleur projet que d'accompagner les mutations exigées par le changement climatique, la révolution digitale et les attentes de la génération Y.

Je citerais donc en premier lieu Energiesprong (lire p. 77), une démarche hollandaise visant à massifier la rénovation énergétique globale des logements. Introduite en France en 2017, portée par Greenflex et quelques bailleurs sociaux, sa promesse est un engagement de résultat énergie zéro, un coût maximal de 70 000 € par maison et une semaine de chantier, même en logement occupé. Impossible à tenir ? Et pourtant ce but est atteint grâce à l'industrialisation, poussée au maximum, des solutions techniques.

Ensuite, je pense au label R2S (Ready to Services). Son cahier des charges, défini par l'association Smart Building Alliance, détaille les conditions pour qu'un bâtiment tertiaire, et bientôt de logement, soit connectable à un réseau intelligent, existant ou à venir, afin de devenir smart. Avec ce label, les informaticiens arrivent vraiment dans la conception dure des bâtiments et c'est révolutionnaire !

Et à l'international ?

Le constat est sans appel : nous ne sommes pas bons en productivité. Nous mettons plus de temps car tout est plus compliqué et nous continuons à travailler comme avant.

Nous avons optimisé tout ce qui pouvait l'être et, pourtant, la filière est encore en souffrance.

L'industrialisation est une solution d'avenir pour les bâtiments répétitifs. Elle peut devenir le prêt-à-porter de la construction - il restera toujours ceux qui font la haute couture. Passer à la construction Off Site Building1 peut maximiser la productivité. Il faut concevoir et standardiser pour éviter de réinventer au dernier moment sur le chantier. Cette rupture a déjà démarré à l'étranger avec, à titre d'exemple, le polonais Polcom, qui fabrique des modules entiers pour les hôtels Marriot et CitizenM, ou encore le binôme anglais Tide & Vision Modular, qui construit à une vitesse folle et, bien sûr, l'américain Katerra, qui vient de concevoir le quartier Google à Toronto.

Quels sont les freins et les leviers à l'innovation ?

En premier lieu, la sous-capitalisation des entreprises du bâtiment. Elles manquent de moyens pour investir. Or, elles doivent absolument gagner en productivité, repenser leur process en conception et exécution et former leurs collaborateurs. Tout en restant suffisamment souples pour s'adapter aux particularités des projets. Ensuite, il y a la culture artisanale du bâtiment avec, d'un côté, la culture chantier et, de l'autre, la culture architecturale. Nous concevons toujours les bâtiments en commençant par dessiner une façade alors que l'on conçoit les autres objets à partir d'une réflexion sur l'usage. Cette approche est noble, mais elle ne pousse pas à réfléchir pour améliorer la qualité, les délais et les coûts.

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