« Toutes les compétences et missions du centre d’expertise national de l’habitat, le Bas-Rhin les a testées à l’échelle locale ». Directeur, depuis sa création à la fin 2011, du centre d’expertise national Habitat (Cen Habitat) rattaché au centre national de références de la Santé, Regis Boneto rend hommage en ces termes à l’organisme alsacien qui fête ses 25 ans le 21 septembre à Eckbolsheim : le Centre d’exposition permanente (CEP), membre du réseau national des 24 Centres d’information et de conseil en aides techniques (Cicat).
Le CSTB, pilier technique national
Pilier technique du Cen Habitat, l’établissement de Sofia Antipolis du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) assume d’une part son pilotage et sa coordination, d’autre part l’évaluation des aides techniques départementales, financées avec les prestations de compensation au handicap et les aides personnalisées à l’autonomie. Outre le CEP – Cicat du Bas-Rhin, l’organisme national compte, parmi ses fondateurs, des universités et organismes de formation (UTT de Troyes, Autonom’Lab de Limoges) et un prestataire de services basé à Colmar et spécialisé dans la dépendance (MEDeTIC). Un colloque programmé pour la fin de l’année à Sofia Antipolis servira de rampe de lancement public au Cen Habitat.
Derrière le décor institutionnel, un accident de la vie a déclenché l’expertise accumulée dans le Bas-Rhin : après six mois d’hospitalisation et l’amputation d’une jambe, André Augst, ingénieur en bâtiment, a engagé en 1992 la seconde partie de sa vie professionnelle au sein du CEP, qui s’était jusqu’alors surtout positionné sur le matériel paramédical. D’abord expert bénévole, puis directeur technique, il assume aujourd’hui la vice-présidence du centre, désigné par le conseil général du Bas-Rhin comme support technique de la maison départementale des personnes handicapées et garant du programme d’intérêt général consacré au logement adapté. Grâce à l’engagement précoce de Siehr, filiale bas-rhinoise du groupe de négoce Comafranc, les industriels et distributeurs de matériau, suivis par les maîtres d’œuvre et les entrepreneurs, ont peu à peu donné au CEP le statut d’une plaque tournante régionale sur le marché naissant de l’accessibilité. Pour valider leur projet en amont des contrôles réglementaires, de nombreux architectes ont pris l’habitude de consulter le centre.
Conception universelle
« Ce marché, je l’ai d’abord appréhendé comme parallèle à celui du bâtiment. Aujourd’hui, j’ai abandonné cette approche, pour promouvoir l’idée de la conception universelle ». Pour illustrer son propos, André Augst montre le bloc porte qu’il a récemment finalisé avec l’industriel Premdor : outre ses qualités esthétiques, le dessin, les couleurs, la position et le fonctionnement de la poignée s’adressent à la fois aux enfants, aux malvoyants, aux personnes en fauteuil roulant, aux adultes valides et chargés… « En plus de la conformité à la réglementation, il s’agit de chercher le confort pour toutes les catégories d’usagers, et de prendre le contrepied de toute stigmatisation du handicap », poursuit André Augst. Ce passage du conforme au confort, l’ingénieur l’a vu progresser d’abord dans la salle de bains, puis dans la domotique, et aujourd’hui de plus en plus en menuiserie.
Fier du chemin parcouru, André Augst appréhende le 25ème anniversaire du CEP comme un nouveau départ. Une recomposition des locaux d’Eckbolsheim se prépare pour 2013. Alors que les fauteuils roulants s’imposent aujourd’hui au premier regard du visiteur, le hall abritera une succession d’ambiances d’habitations, selon les logiques éprouvées par la grande distribution.