« Qui veut la peau de l'isolation ? » La question posée par un groupement de spécialistes de ce secteur a le mérite d'interpeller. Déconcertés par la fin annoncée du coup de pouce dédié dans le cadre des certificats d'économies d'énergie (CEE), les professionnels s'interrogent. Est-ce bien pertinent, au moment même où le gouvernement annonce, avec son projet de loi Climat et Résilience, l'éradication des 4,8 millions de logements taxés de passoires énergétiques à l'horizon 2028 ? A priori, personne ne veut la peau des spécialistes de l'isolation. Ni celle des autres entreprises du bâtiment. Et tout le monde veut sauver la planète. Reste à savoir comment y parvenir.
Pour la période 2022-2025, les CEE devraient générer 20 milliards d'euros de travaux
Les règles du jeu de la cinquième période des CEE sont en cours d'élaboration. Et nous assistons à des négociations serrées, puisque, pour les années 2022-2025, les CEE devraient générer 20 milliards d'euros de travaux. La Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a mis en consultation les textes réglementaires, les professionnels souhaitent les amender. Le schéma est classique. Reste à savoir si la DGEC se montrera à l'écoute. Souhaitons qu'elle fasse preuve du même pragmatisme que la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP) qui a reporté et modifié la réglementation environnementale 2020 la semaine passée. Ce n'était pas gagné tant les divergences étaient fortes entre la puissance publique et les entreprises privées. La ligne de crête, pourtant étroite, a finalement été trouvée.
L'administration ne veut pas la peau du bâtiment. Mais comprend-elle ses enjeux ? La puissance publique lance des concertations sérieuses, espérons qu'elle parvienne à écouter jusqu'au bout les recommandations des experts. Et qu'elle mette en cohérence toutes ses politiques et ses aides. Alors, elle réalisera peut-être le double exploit d'accompagner l'industrie du bâtiment dans l'innovation extrême et d'atteindre les objectifs énergétiques qu'elle s'est fixés à l'horizon 2050.